Etude et analyse

Publié le 20 novembre 2020

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Dans le cadre du baromètre Digital Wallonia 2020 de maturité numérique des entreprises wallonnes, l’Agence du Numérique a donc pour la première fois sondé la perception du numérique des patrons en raison du rôle central que joue le leadership dans la réussite de tout projet de transformation numérique.

Baromètre Digital Wallonia 2020 de maturité numérique des entreprises wallonnes :

L’étude de la maturité numérique des entreprises selon les critères économiques habituels du baromètre (nombre d’entités par secteur, contribution au PIB, production de valeur ajoutée, ...) est essentielle pour évaluer la prospérité d’une région. Néanmoins, ces critères livrent peu d’informations à propos des dirigeants d’entreprise. Quelle est leur conception de la digitalisation ? Comment évaluent-ils la transformation numérique de leur société ?

Qui sont les patrons wallons ?


Age et genre

Les entreprises wallonnes sont majoritairement dirigées par des hommes (73%).

Si les femmes sont sous-représentées parmi les dirigeants wallons, elles ne sont pas plus nombreuses dans le management (cadres) des entreprises employant du personnel. En effet, dans 59% de ces entreprises, il n’y a que 0 à 20% de femmes qui occupent des postes à fort pouvoir décisionnaire.

Les femmes dirigeantes d'entreprises en Wallonie sont surtout actives dans des secteurs de services, en contact direct avec le client ou encore dans le domaine des soins de santé et la culture et les médias. Une étude menée dans 120 pays par l’UNESCO en 2017 montre que dès 12 ans, les jeunes filles tendent à délaisser les filières d’études scientifiques au profit d’orientations plus littéraires, juridiques, commerciales ou encore médicales.

Par ailleurs, 68% des chefs d’entreprise ont plus de 46 ans et la proportion hommes-femmes est assez constante quelle que soit la tranche d’âge envisagée.

Niveau d'éducation

Le niveau d’études des chefs d’entreprise se répartit équitablement entre trois grands types de diplômes : études secondaires, enseignement supérieur de type court et supérieur de type long.

Sans surprise, il y a une grande corrélation entre ce niveau d’études et le secteur d’activités de l’entreprise.

Les bacheliers et les détenteurs de master sont essentiellement présents dans les secteurs de services et l’industrie où la digitalisation est la plus importante, en raison de l’automatisation toujours plus poussée du traitement des données. Ces secteurs sont qualifiés de technophiles, car historiquement, ils affichent les scores moyens de maturité numériques les plus élevés.

Ces dernières années, le top 5 de ces secteurs a peu varié. On y retrouve presque systématiquement le secteur du numérique, les finances, les services aux entreprises, la santé et l’industrie et l’immobilier.

Par ailleurs, le top 5 des secteurs où les chefs d’entreprise ont obtenu un diplôme de l’enseignement supérieur sont, par ordre décroissant :

  • la santé : 96%
  • le numérique et la recherche : 88%
  • les services aux entreprises : 86%
  • les finances : 83%
  • la culture et les medias : 71%

Perception de la transformation numérique par les chefs d'entreprise


De nombreuses études, dont une récente menée par Deloitte et le MIT, montrent que l’attitude du leadership est cruciale dans la réussite de tout projet de trans- formation numérique. Il s’imposait donc d’interroger les dirigeants des entreprises wallonnes sur leur perception du numérique.

Les patrons wallons peuvent ainsi être classés en trois groupes de taille pratiquement équivalente.

  1. Numérique opportunité stratégique. 35% des dirigeants perçoivent la transformation numérique comme une opportunité à saisir absolument dans le cadre d’une stratégie globale pour l’entreprise, et l’on peut escompter qu’ils ont une approche stratégique de la numérisation.
  2. Numérique utile. Dans le second tiers, on trouve des entrepreneurs qui pensent que certaines technologies numériques sont utiles, mais qu’il ne faut pas nécessairement digitaliser tous les processus de travail. Cette approche correspond plus à une approche organique de la digitalisation.
  3. Numérique effet de mode. Plus interpellant, près d’un tiers sont hésitants, voire sceptiques, puisqu’ils n’ont pas d’opinion (24%), ou pire, envisagent la transformation numérique comme un effet de mode comportant des risques et des coûts (8%).

En termes de sensibilisation des dirigeants, il reste donc du chemin à parcourir. Cela est d’autant plus vrai que dans près de 7 entreprises wallonnes sur 10 (64%), c’est le directeur, éventuellement assisté du responsable informatique, qui porte(nt) les projets de transformation numérique.

Logo Digiscore by Digital Wallonia

Afin d'aider les patrons des entreprises wallonnes à évaluer de manière précise le niveau de maturité numérique de leur entreprise, l'Agence du Numérique leur propose de mesurer en ligne gratuitement leur DigiScore.

Facteurs influençant la perception de la transformation numérique

Le regard que les patrons wallons portent sur la transformation numérique est sensiblement influencé par l’âge. 64% des dirigeants de moins de 25 ans voient dans le numérique une opportunité à saisir absolument, contre à peine 33% des 46-55 ans.

Le genre du dirigeant a aussi une certaine influence. Ainsi, 38% des dirigeants masculins ont répondu que la numérisation était une opportunité à saisir dans le cadre d’une transformation globale de l’entreprise, contre seulement 28% des chefs d’entreprise féminins.

Cependant, il ne faut pas y voir un manque d’ambition de nos dirigeantes. En effet, selon les observations de l’OCDE, elles sont majoritairement actives dans des secteurs de services, la culture ou encore le soin aux personnes ce qui explique qu’elles ont souvent moins de bénéfices nets à réinvestir dans leur société. Leur vision plus partielle de la transformation numérique est davantage liée à une forme de prudence et un manque de moyens financiers qu’à défaut de vision stratégique pour leur entreprise.

Par contre, il faut souligner que parmi les jeunes dirigeants (25-35 ans), les femmes sont plus nombreuses que les hommes à vouloir saisir les opportunités offertes par le numérique dans le cadre d’une transformation globale. Jeunesse et confiance dans la numérisation sont donc indubitablement corrélés comme l’AdN l’a déjà observé.

Enfin, la vision la plus positive et globale de la transformation numérique est fortement liée au niveau d’éducation des dirigeants.

Les détenteurs d’un master sont 47% à vouloir saisir pleinement les opportunités liées au digital, contre 25% des titulaires d’un CESS. On constate aussi un “effet miroir” avec les répondants sans opinion dont 36% sont uniquement titulaires d’un certificat d’études de base (primaire).

Il y a bien sûr une logique à ce que les personnes les plus diplômées adoptent la vision la plus stratégique face à la digitalisation. En effet, elles travaillent plus souvent dans des secteurs technophiles, où les bénéfices associés au numérique semblent sans limite et beaucoup plus faciles à identifier que dans d’autres secteurs où le traitement de la donnée et la relation client ne sont pas nécessairement automatisés.

Etat d’avancement de la digitalisation du point de vue du patron


Pas moins de 28% des chefs d’entreprise considèrent encore “qu’aucune transformation numérique n’est nécessaire dans leur activité”.

Par ailleurs, 34% des patrons ont entamé une transformation numérique partielle (approche organique) pour les processus de travail qui le nécessitent.

Lorsqu’on compare la perception de la transformation numérique des dirigeants wallons à l’évaluation de la maturité numérique de leur entreprise, on voit que plus une entreprise est en cours de digitalisation, ou digitale "par nature", plus son directeur a une perception positive et globale de la transformation numérique. Autrement dit, le digital appelle le digital.

Signalons aussi, que le score global de maturité numérique des entreprises, analysé plus loin en détail dans l’étude, apportera la confirmation de cette relation puissante entre perception du numérique par le dirigeant et réalité de la digitalisation de l’entreprise. Ce score passe ainsi pratiquement du simple (19/21) au double (39) lorsque le dirigeant voit le numérique comme une opportunité stratégique.

Impact du facteur humain sur la maturité numérique des entreprises


Dans la cadre de son baromètre 2020 de maturité numérique des entreprises wallonnes, l’Agence du Numérique s’est associée avec le cabinet de conseil Deloitte pour mener une étude inédite auprès d’une vingtaine de champions du numérique en Wallonie. Sélectionnées parmi les répondants du baromètre 2020, ces entreprises ont accepté de mesurer leur maturité numérique d’un point de vue humain et organisationnel.

Via la méthodologie Digital DNA by Deloitte, l’impact du facteur humain sur la maturité numérique de ces champions a été mesurée par l’analyse des vingt-trois traits caractéristiques (l’ADN digital) qui définissent une entreprise qui "est digitale".

Pour en savoir plus

À propos de l'auteur.

Hélène Raimond


Agence du Numérique