Le baromètre Digital Wallonia de l’AdN montre que la maturité numérique des entreprises wallonnes a progressé entre 2018 et 2020. Si de nombreux indicateurs sont positifs, d’importants progrès restent à faire, notamment en matière de stratégie business. C’est pourquoi l’AdN lance un outil gratuit d’évaluation en ligne pour les entreprises : le DigiScore.

Baromètre Digital Wallonia 2020 de maturité numérique des entreprises wallonnes :

Le Baromètre entreprises 2020 : exceptionnel à plus d'un titre


Outre les indicateurs classiques et le score global de maturité numérique des entreprises, le baromètre 2020 est complété par 2 études spécifiques. La première concerne l’impact de la crise du Coronavirus sur les investissements des entreprises en matière de digitalisation.

La seconde apportera un éclairage spécifique sur le point de vue des patrons wallons sur l’importance de la digitalisation. Dans ce cadre, l’AdN a également travaillé avec le Cabinet Deloitte sur les questions liées à l’impact du facteur humain. Les résultats présentés montreront comment des changements non-technologiques (humains ou organisationnels) peuvent accélérer la transformation numériques des entreprises.

Enfin, l’AdN propose un nouvel outil en ligne gratuit à destination de toutes les entreprises wallonnes pour leur permettre de mesurer leur niveau de maturité numérique et le comparer avec les 3000 entreprises interrogées dans le cadre du baromètre 2020, de manière globale ou en fonction de critères spécifiques (taille, secteur, localisation, …).

Evolution 2020 du "DigiScore" de maturité numérique des entreprises wallonnes


En deux ans, le score global moyen de maturité numérique des entreprises wallonnes a progressé de 5 points et se situe désormais à 30.

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La médiane, c’est-à-dire la valeur qui sépare l’échantillon en deux parts égales par rapport au score global moyen de maturité numérique est à 35 (en 2018, elle était de 25).

Rappelons que le DigiScore d’une entreprise, bien que calculé sur un maximum théorique de 100, ne peut jamais raisonnablement atteindre ce maximum puisqu’il est pratiquement impossible de mettre en œuvre toutes les technologies évaluées et d’intégrer le numérique dans tous les processus de travail. 80/100 représente ainsi un horizon plus réaliste.

Par ailleurs, si on analyse la distribution des entreprises selon le score global de maturité numérique, on obtient une courbe gaussienne décalée à gauche, mais moins qu’en 2018.

On constate ainsi un nombre important d’entreprises qui obtiennent un score voisin, mais légèrement inférieur à la moyenne de 30 (11% des entreprises) et un nombre encore conséquent d’entreprises qui continuent à présenter des scores très faibles de 0 à 20 (28% des entreprises). Ces dernières sont considérées comme étant en fracture numérique.

A l’opposé, la Wallonie compte aussi une série d’entreprises ayant un DigiScore nettement plus élevé, atteignant jusqu’au double de cette moyenne (12%).

Enfin, la comparaison des distributions de 2018 et de 2020 montre que la progression du score global de maturité numérique des entreprises wallonnes est principale- ment due à un nombre d’entreprises plus important atteignant des scores compris entre 30 et 50.

Axe 1 : infrastructure technologique. Indicateurs clés


Terminaux fixes et mobiles

92% des entreprises wallonnes disposent d’ordinateurs fixes et/ou portables, auxquels s’ajoutent 2,4% d’entreprises qui possèdent uniquement des tablettes et/ou des smartphones, soit un total de 94,4% d’entreprises équipées. Le taux d’entreprises ne disposant d’aucun terminal chute donc à 5,6%.

Le taux d’équipement individuel moyen des travailleurs (ordinateurs et tablettes) est de 1,07. C'est une une légère contraction par rapport à 2018 (1,08). Ce statu quo est lié aux tablettes dont l’effet de mode semble s’être légèrement dissipé.

On soulignera la nouvelle progression remarquable des smartphones : 84% (+7) des entreprises possèdent au moins un smartphone professionnel. Ce résultat tire les taux d’équipement vers le haut. 55% (+2) des travailleurs wallons en sont équipés. Du point de vue sectoriel, la présence des smartphones au sein des entreprises s’est généralisée. Cette dernière oscille entre 75 et 90%, à l’exception de l’agriculture qui affiche un taux inférieur de 69%.

Connexion à Internet

96% (+5) des entreprises sont connectées à Internet. Au sein des entreprises employant 10 travailleurs et plus, le taux de connexion est de 100%. Dès lors, ce qui va conditionner les usages du numérique par les entreprises dans le futur sera davantage lié à la qualité de la connexion à Internet.

A ce niveau, seulement 21% des entreprises régionales se déclarent totalement satisfaites de la qualité (débit très satisfaisant et absence d’interruption de service) de leur connexion fixe à Internet. Auxquelles s’ajoutent 52% qui la qualifient de satisfaisante (débit satisfaisant et problèmes rares). La disponibilité encore insuffisante de la fibre optique à proximité des locaux des entreprises explique au moins en partie ce taux de satisfaction en demi-teinte.

Cloud, équipement logiciel et sites Web

45% (stable) des entreprises exploitent au moins un de leurs logiciels dans le Cloud (SaaS). Ce taux grimpe à 75% parmi les entreprises employant 10 travailleurs et plus. Par ailleurs, les logiciels les plus fréquemment présents au sein des entreprises wallonnes servent essentiellement à communiquer, effectuer des tâches administratives et stocker des données.

La présence de systèmes intégrés pour la gestion et la planification est encore limitée dans les entreprises régionales. En effet, ces systèmes sont présents dans 4% des entreprises manipulant des biens physiques (42% des entreprises régionales) dans les cas les plus favorables.

Au sein des secteurs industriels wallons, la présence de technologies caractéristiques de l’industrie du futur (intelligence artificielle, jumeaux numériques, AR/VR, IOT, robots de production, ...) n’est pas beaucoup plus significative puisqu’elle atteint au maximum 8% selon les technologies envisagées.

45% (+4) des entreprises wallonnes sont désormais équipées d’un site web. Cela peut sembler peu, mais la taille de l’entreprise influence fortement ce taux d’équipement. En effet, 84% (+4) des entreprises wallonnes employant 10 travailleurs et plus, disposent bien d’un site, ce qui correspond exactement à la moyenne nationale pour cette taille d’entreprises.

Les plus fortes hausses en matière de possession de sites web au niveau sectoriel sont celles de l’Horeca (+16) directement suivi par la distribution et les industries lourdes (+14).

Compétences technologiques

Par contre, la présence de compétences informatiques en interne a progressé depuis 2018.

Ainsi, 27% (+12) de nos entreprises emploient au moins un spécialiste du numérique, à temps partiel ou à temps plein. Tandis que 46% (stable) recourent à la sous-traitance informatique régulièrement, ou occasionnellement, pour leurs projets numériques.

Cyber-Sécurité

En matière de sécurité informatique, seulement 12% des entreprises sont assurées contre les conséquences d’un problème informatique. Pourtant, 38% ont déjà été victimes d’un incident ou d’une cyber-attaque.

On peut considérer que nos entreprises sont encore trop peu soucieuses des risques en matière de sécurité, puisque seule une entreprise sur deux (54%) utilise un pare-feu pour protéger son réseau contre d’éventuelles intrusions malveillantes. De plus, seulement 64% protègent les ordinateurs par un mot de passe et 21% ont recours à une sécurisation à deux facteurs.

Axe 2 : gestion des ressources humaines. Indicateurs clés


Le digital a transformé les modes de travail (mobilité, télétravail) ainsi que les modes de communication internes à l’entreprise (connexion à toute heure et en tout lieu, partage d’informations dans le Cloud, outils collaboratifs, réseaux sociaux internes, etc.).

Télétravail

L’AdN a donc interrogé les entreprises employant du personnel (39%) à propos du travail à distance. Celui-ci est autorisé par une petite moitié de l’effectif (44% des entreprises employant du personnel, stable). Le baromètre entreprises 2020 ayant été réalisé juste avant le début de la crise du Covid, il est probable que le travail à distance progresse de façon plus marquée dans le futur.

Pour rendre le travail à distance possible, les employeurs peuvent mettre une série de technologies numériques (ordinateurs portables, smartphones, connexion à Internet au domicile, ...) à la disposition de leurs collaborateurs.

Ces taux sont en hausse par rapport à 2018, principalement grâce à une présence plus importante de smartphones (53% des entreprises employant du personnel, +7).

Collaboration et management

Cet empowerment des travailleurs grâce au digital reste malgré tout faible en ce qui concerne les usages de technologies numériques de collaboration.

Seulement 17% des entreprises utilisent des outils collaboratifs (Teams, Slack, Zoom, ...) et 8% recourent aux réseaux sociaux internes pour le partage d’informations.

Suite à l’adoption du travail à distance, 27% (+9) des entreprises employant du personnel ont réformé leur management à trois niveaux :

  1. L’évaluation des collaborateurs par les résultats.
  2. L’approche du travail par projets.
  3. L’autonomie élargie laissée aux travailleurs.

Le fait d’adapter le management en raison de l’adoption du travail à distance est corrélé avec une perception positive et globale de la transformation numérique. En effet, 62% de ces entreprises voient dans le numérique une opportunité à saisir absolument dans le cadre d’une stratégie globale pour l’entreprise.

Formation

La formation du personnel est l’un des principaux domaines des ressources humaines directement impactés par l’usage du numérique.

40% (stable) des entreprises employant du personnel revendiquent une politique de formation continue en bonne et due forme. Parmi celles-ci, 46% déclarent avoir également un plan de formation en matière de digital.

Dans les faits, cela se traduit par 12% (+2) d’entreprises employant du personnel ayant formé au moins un collaborateur dans une matière numérique, au cours des deux dernières années. C’est malheureusement très insuffisant en regard de la vitesse de la digitalisation de notre économie.

Axe 3 : digitalisation des processus métiers. Indicateurs clés


Gestion des données business

35% des entreprises affirment avoir centralisé/intégré leurs "données business" (stocks, commandes, clients, livraisons, ...). Ce taux peut sembler faible, mais les besoins de centralisation de l’information sont fortement corrélés à la taille de l’entreprise. Ainsi, 71% des entreprises employant 10 travailleurs et plus ont réalisé l’intégration de leurs données.

Outre la taille et le secteur, le marché cible de l’entreprise joue aussi un rôle dans la propension des entreprises à centraliser/intégrer leurs données. En effet, les entreprises qui visent principalement le marché B2C ne sont que 31% à centraliser leurs données contre 44% à 51% parmi celles qui ciblent les autres marchés (B2B, administrations publiques, etc.).

Pour évaluer l’importance accordée à la donnée dans l’entreprise, l’AdN a analysé :

  1. Le recours aux tableaux de bord et aux logiciels de Business Intelligence (PowerBi, QlickView, etc.).
  2. La collecte des données relatives aux clients et prospects.
  3. L’analyse des données, aussi appelée analytics et smart data.

Concernant la digitalisation des flux d’informations et des processus métiers au sein des entreprises wallonnes l’enquête met en évidence plusieurs points :

  1. Le manque d’automatisation des processus relatifs à la facturation. Parmi les entreprises qui envoient des factures électroniques (58%), seulement 4% (+2) le font sous une forme structurée (EDI, XML, FINVOICE, etc.). Parmi les entreprises employant 10 travailleurs et plus, le taux de facturation électronique structurée reste inchangé à 10% par rapport à 2018.
  2. La digitalisation du traitement des commandes liées aux ventes (ventes ou achats électroniques) est en net progrès mais reste insuffisante. Parmi les vendeurs en ligne, 53% (-10) sont obligés d’encoder manuellement les commandes arrivant par voie électronique. Tandis qu’un peu moins de la moitié (49%, -15) des entreprises qui achètent par voie électronique doivent réintroduire manuellement ces achats dans leurs logiciels de gestion et de comptabilité.
  3. 14% (stable) des entreprises régionales ont établi des connexions informatisées avec leurs partenaires (fournisseurs, donneurs d’ordres, etc.). Ce taux atteint 37% parmi les entreprises employant 10 travailleurs et plus. Ces connexions sont le plus souvent des extranets et des réseaux privés virtuels (VPN) comme c’était déjà le cas en 2018.
  4. 54% (+3) des entreprises effectuent au moins une déclaration obligatoire par voie électronique. Ce taux progresse légèrement par rapport à 2018, mais ce sont surtout les entreprises employant 10 travailleurs et plus qui en font un usage intensif : 88% (+6).

Indicateurs clés pour l'axe 4 : digitalisation de la stratégie commerciale


Les entreprises wallonnes ont souvent ajouté le canal digital à leurs canaux traditionnels de distribution mais n’ont pas encore suffisamment intégré le digital pour proposer de nouveaux services à valeur ajoutée ou pour se réinventer et élargir leur métier.

Site Web et marketing digital

Ainsi, seulement 21% (+5) des entreprises wallonnes (35% des entreprises employant 10 travailleurs et plus) déclarent recourir au “marketing digital”. Même si ce taux s’améliore par rapport à 2018, il reste insuffisant.

45% (+4) des entreprises wallonnes possèdent un site web (84% au sein des entreprises employant 10 travailleurs et plus). Par ailleurs, plus d’un quart (27%) sont présentes sur une ou plusieurs plateformes commerciales (resto.be, TripAdvisor, Booking, Autoscout24, eBay, Amazon, Trivago, ...).

Les sites web des entreprises wallonnes remplissent principalement trois fonctions :

  1. Présenter le catalogue des produits et services.
  2. Collecter des avis ou commentaires de clients.
  3. Permettre la commande des produits ou des services.

45% (+12) des entreprises wallonnes dotées d’un site web mettent en place des actions pour sa promotion et/ou pour l’analyse de ses performances. Ce taux monte à 49% pour les entreprises employant 10 travailleurs et plus.

Par ailleurs, 55% (+10) des entreprises dotées d’un site web ont adapté ce dernier à la consultation des terminaux mobiles (application mobile spécifique et/ou site en responsive design).

Enfin, 48% (+4) des sites web des entreprises wallonnes ont été créés ou refondus depuis plus de trois ans. Cela montre une implication souvent trop faible de nombreuses entreprises dans leur présence en ligne. La fréquence de mise à jour des sites web confirme que les entreprises investissent trop peu dans l’optimisation et le renouvellement du contenu en ligne. Ainsi, 38% (+3) des sites sont mis à jour seulement une fois par an.

E-commerce

En matière d’e-commerce, 15% (+4) des entreprises wallonnes vendent en ligne. Parmi les entreprises de 10 travailleurs et plus, ce taux est à peine plus important : 18%. Vu la croissance continue de l’e-commerce, encore amplifiée par la crise sanitaire, cela reste toutefois trop faible en tous cas dans les secteurs visant principalement un marché B2C.

Les biens vendus en ligne restent avant tout des biens de consommation (33%) et des biens et services intermédiaires (30%).

La moitié des sites de vente (50%) ne proposent pas le paiement en ligne. Pour l’autre moitié, plusieurs types de paiements sont disponibles, dont des paiements qui ne sont pas nécessairement électroniques, tels que les virements bancaires (17%), les achats sur facture (11%), ou encore les paiements au comptant à la livraison (9%). Lorsque des solutions de paiement électroniques sont proposées, il s’agit le plus souvent de :

  1. Cartes de crédit (30%) ;
  2. Cartes de débit (22%) ;
  3. PayPal, PayMill ou autres (20%).

Le baromètre ne montre pas d’évolution notable par rapport à 2018, si ce n’est l’apparition de nouvelles solutions telles qu’AmazonPay, GooglePay et ApplePay qui sont présentes sur 2% des sites de vente.

Ces chiffres sont à mettre en rapport avec le fait que seulement 42% des entreprises vendant en ligne présentent un site réellement “transactionnel” et reçoivent donc des commandes directement via leur site web.

95% des sites de vente en ligne offrant des produits physiques proposent une ou des options de livraison (principalement la livraison de colis et l’enlèvement en magasin).

Lorsqu’on demande aux entreprises qui ne vendent pas en ligne quelles sont les raisons pour lesquelles elles tardent à se lancer dans l’e-commerce, il est interpellant de constater que deux tiers (66%) d’entre elles ne proposent pas de raison spécifique.

L'outil Digiscore à la disposition de toutes les entreprises wallonnes


Enfin, l'Agence du Numérique, avec l'appui de l'Union Wallonne des Entreprises, recommande évidemment fortement aux entreprises wallonnes de mesurer gratuitement en ligne leur DigiScore, c’est-à-dire leur score de maturité numérique suivant les 4 axes du modèle développé par l’AdN.

Logo Digiscore by Digital Wallonia

DigiScore offre une comparaison immédiate du score individuel de l’entreprise avec l’ensemble des entreprises wallonnes mais aussi avec les entreprises présentant les mêmes caractéristiques (taille, secteur, export, mono/multi-sites, localisation, ...). Des recommandations et des ressources complètent le DigiScore pour passer à l’action.

Pour en savoir plus

À propos de l'auteur.

Hélène Raimond


Agence du Numérique