Pour s’adapter à un monde de plus en plus numérique, la crise nous l’a démontré : il ne suffit pas de découvrir et de choisir de nouveaux outils, il faut aussi se les approprier et apprendre à s’en servir. Plus encore, réactivement ou proactivement, il a fallu changer ses habitudes. Nous sommes donc, et depuis des mois, des milliers d’hommes et de femmes au défi d’apprendre à travailler, à nous organiser et à communiquer autrement.

Au cours de la dernière décennie, le digital a été au cœur des débats. Cependant, la Covid-19 a accéléré les choses : au lieu d'un déploiement progressif, les entreprises ont appris à surfer sur la vague du numérique en un temps record pour maintenir le cap. Et celles et ceux qui relèvent le défi depuis des mois le savent : s’épanouir et développer son entreprise dans un monde digital nécessite de penser au-delà de la technologie.

Qu’est-ce que la transformation digitale ?

"Qui aurait pensé qu’un jour, la plus grande encyclopédie en ligne serait développée par une foule d’anonymes ?" ou "qu’une multitude d’individus exposerait son opinion au monde entier ?" ou "qu’il serait possible de faire ses courses assis depuis son canapé ?" ou "qu’un réseau professionnel pourrait s’étendre jusqu’aux 4 coins de la planète ?" ou encore qui aurait pensé "qu’une épidémie obligerait quantité d’employeurs à généraliser le télétravail ?", etc.

Pas de doute, le monde se transforme ! La vague digitale déferle. Sa vitesse croît de manière exponentielle et avec elle l’ampleur des transformations. Une minute d’hier semble une seconde d’aujourd’hui. Cette vague brise les frontières espace-temps et tous les repères qui y étaient associés. La complexité du monde qui en résulte génère de nouveaux comportements et aspirations tant au niveau personnel que professionnel. Elle bouscule tout : nos façons de faire (acheter, vendre, communiquer, produire, interagir, etc.) et nos façons d’être (nos perceptions, nos capacités, nos rapports au temps et aux frontières entre la vie privée et professionnelle, etc.).

Conclusion, dans l’expression "transformation digitale", le mot important n’est pas digital mais transformation et en nous focalisant uniquement sur le digital nous risquons de passer à côté de l’essentiel. En effet, il convient de nous poser des questions d’un autre ordre telles que : "En quoi le digital peut-il servir mon business ?" ou "Comment faire évoluer mon entreprise dans ce monde numérique ?". Penser à la transformation digitale c’est accepter de questionner le numérique au-delà de la technologie.

Qu’est-ce qui se transforme ?

Le digital a généré une nouvelle culture : la culture numérique qui se caractérise par des valeurs telles que la coopération, la liberté d’expression et la transparence. Cette culture produit autant d’opportunités que de risques inédits qui obligent les entreprises à se réinventer.

Au niveau de l’organisation, cette culture digitale met au défi les anciens modèles organisationnels. L’explosion du travail à distance durant la crise en est la démonstration palpable. Elle invite chacun à travailler en autonomie et en réseau et l’organisation à gagner en flexibilité et en agilité. Plus globalement, cette culture brise les codes hiérarchiques traditionnels, casse les processus stricts et figés et pousse les organisations à tendre vers une gouvernance plus transversale et collaborative. Pour réussir sa transformation numérique, l’organisation doit donc évoluer de concert avec l’environnement dans lequel elle est désormais immergée que ce soit par l’intermédiaire de ses collaborateurs ou de ses clients.

En transformant la manière de s’organiser et de travailler, la culture digitale transforme les individus dans ce qu’ils font mais aussi dans ce qu’ils sont. De ce fait, elle confronte les organisations à plusieurs enjeux simultanés : le développement de nouveaux métiers et la transformation des métiers historiques, la gestion des compétences et de recrutement pour faire face à la pénurie et à l’obsolescence de compétences nécessaires à l’exercice des métiers de demain. Le challenge de l’entreprise est donc de taille. Elle doit non seulement se donner les moyens de bénéficier des expertises techniques pour développer les technologies adéquates mais aussi développer les compétences qui permettront à chacun d’avoir la capacité de travailler dans son nouvel environnement. Ces compétences numériques, typiquement humaines et porteuses d’avenir, peuvent être regroupées selon l'OCDE en 4 grandes capacités : Créativité, Coopération, Communication et Esprit critique ; dites les "4C".

En entrainant les hommes et les femmes à se réinventer, la culture digitale oblige également l’organisation à redéfinir les rôles. Elle invite les collaborateurs à travailler comme de réels entrepreneurs avec tout ce que cela sous-tend : curiosité, expérimentation, prise de risques, etc. Ce changement de posture dans le chef des collaborateurs est conditionné à un changement de rôle des managers : ils doivent devenir de véritables coachs et développer leurs compétences émotionnelles et relationnelles ; leurs compétences dites de leadership.

En conditionnant sa réussite au développement individuel et organisationnel, la transformation numérique propulse les « savoirs-être » et toute la dimension humaine de l’entreprise au cœur du développement de l’entreprise. Confrontés à la réalité du travail à distance, les DRH sont d’ailleurs de très bons témoins de cette réalité et les premiers conscients des conséquences lourdes du parfois trop faible investissement dans le capital humain de leur entreprise : perte de sens, désengagement, démotivation, diminution de la productivité, etc.

Comment impulser la transformation digitale de son entreprise ?

Pour entamer sa transformation numérique, il s’agit de s’interroger sur la valeur ajoutée de celle-ci pour son entreprise et chacune de ses parties prenantes, internes et externes, en posant des questions ouvertes telles que :

  • Quelles sont les opportunités du numérique pour notre entreprise ?
  • Quels sont les risques de cette transformation pour notre entreprise ?
  • Quels sont les risques de ne PAS intégrer le numérique dans notre stratégie d’entreprise ?
  • Quels sont les bénéfices que nous attendons de cette transformation ?
  • Quels seront les impacts internes et externes de cette transformation ?
  • Quelles sont les ressources internes et externes que nous avons à disposition pour mener cette transformation : potentiels, compétences, expériences, partenariat, expertise, financement, outils, etc.?
  • Quelles sont les priorités que nous nous fixons ?
  • Quel pourrait être notre projet test (expérimentation) ?

Les effets de cette transformation se situent à tous les niveaux de l’entreprise : produits et services, investissement, ressources humaines, juridique, gouvernance, finance, sécurité, empreinte écologique et sociale, réseaux, partenaires, etc. Pour cette raison, et afin d’être à même d’identifier toutes les opportunités et les impacts potentiels pour l’entreprise, il convient de trouver les réponses à ces questions avec l’ensemble des acteurs concernés. Ces réponses collectives sont à la base de la vision partagée et la condition indispensable pour que l’entreprise puisse se projeter, se fixer des objectifs et élaborer son plan de transformation numérique.

Quels sont les facteurs de succès de la transformation numérique ?

Les conclusions de l’étude du facteur humain sur la maturité numérique des entreprises le démontrent : le rôle du dirigeant dans l’impulsion de la transformation est crucial. De fait, la transformation numérique de l’entreprise semble fortement corrélée avec sa perception des technologies et sa force de leadership. Cependant, considérant la nature et  l’ampleur des défis que sous-tend la technologie, la réussite de la conduite de cette transformation ne peut reposer uniquement sur le dirigeant. D’autres acteurs doivent s’y engager. Si l’expertise technologique est souvent la première à laquelle tout le monde pense et est une évidence pour la plupart, elle est loin d’être la seule ! De fait, la réussite de la transformation numérique est obligatoirement collective où Dirigeants, Collaborateurs, Départements RH et Informatique sont plus que jamais tenus de coopérer et de travailler en réseaux.

En effet, « quel serait l’intérêt de mettre en place une technologie que personne n’utiliserait car ne répondant pas aux besoins et aspirations des clients internes ? » ou « dont personne ne percevrait la valeur ajoutée ? » ou encore « que personne n’utiliserait faute de compétence, de motivation ou pire encore d’adhésion ? ». La réussite de la transformation numérique est donc conditionnée à la capacité de l’entreprise à gérer et à accompagner le changement qu’elle génère avec tout ce que cela implique : écoute, coopération, communication, mise en adéquation des compétences, etc.

En conditionnant le développement humain et organisationnel de l’entreprise à sa réussite, la transformation numérique oblige les entreprises à considérer le DRH et l’ensemble des collaborateurs comme des acteurs clés. Plus encore, l’intégration de leurs expertises respectives dans l’évolution de l’entreprise est la condition sine qua non de sa réussite…

Conclusion : si le digital est avant tout un défi technologique, en bousculant tous nos repères, la transformation digitale est quant à elle un défi humain à savoir : notre capacité individuelle et collective à nous réinventer.

Le saviez-vous ?

L’Agence du Numérique a créé un pôle d’expertise dédié à cette thématique : le pôle « Humains et Société(s) ». Il vise à mobiliser les organisations à développer une stratégie agile et responsable pour relever les défis humains et organisationnels de la transformation numérique.

Trois outils sont déjà à votre disposition :

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À propos de l'auteur.

Héloïse Leloup


Agence du Numérique