Les data spaces. Un levier stratégique pour la Wallonie numérique

Actuellement, la donnée est sur toutes les lèvres. Les data spaces, avec leur potentiel économique et leur importance cruciale pour les développements en intelligence artificielle, ne font pas exception. Mais qu'en est-il de l'implication de la Wallonie dans une stratégie data spaces pour booster les entreprises et les services publics ?

Petit rappel pour ceux qui n'ont pas encore lu les articles précédents sur la stratégie européenne et le lien avec le cloud européen ! Un data space est un environnement structuré et sécurisé permettant à différents acteurs (entreprises, administrations, centres de recherche, citoyens) de partager, valoriser et réutiliser des données dans un cadre de confiance, d’interopérabilité et de réciprocité. Ces espaces sont conçus pour stimuler l’innovation, créer de nouveaux services et renforcer la compétitivité économique à partir d’actifs informationnels partagés.

La Wallonie devrait également s'inscrire dans cette logique pour plusieurs raisons :

• Renforcer la souveraineté numérique. Garantir un accès sécurisé aux données pour les PME, les administrations et les citoyens, en incluant la cybersécurité et le droit d'exploiter ses propres données selon le data act européen.
• Créer de la valeur économique. Favoriser l’émergence de services innovants basés sur la donnée, notamment via l’IA, l’analyse prédictive ou la cybersécurité. Cela nécessite des infrastructures et un cadre de confiance avec des contrats entre partenaires.

C'est un projet qui ne s'improvise pas et ne peut se limiter à un petit territoire comme la Wallonie. Cependant, il faut bien commencer quelque part, et c'est ce premier pas que l'Agence du Numérique (AdN) a entrepris de faire.

L'investissement pour développer des data spaces est consommateur de temps, de ressources humaines et d'argent.

En effet, les data spaces s'appuient sur plusieurs piliers, dont un plutôt technique, ce qui nécessite du temps pour détailler l'infrastructure. Par conséquent, l'investissement doit être évalué :

• Existe-t-il un réel besoin en Wallonie ?
• Quelle est la maturité des entreprises en matière de gestion de données ?
• Quelles sont nos ressources en matière de partage de données ?
• Comment gérer le cadre contractuel ?
• Etc.

L'Agence du Numérique a lancé un premier marché afin de :

• Cartographier l'offre et la demande.
• Développer un écosystème de partenaires autour du partage de données.
• Identifier et structurer 10 cas d’usage concrets de data spaces.
• Stimuler l’échange de données de manière économiquement viable pour les entreprises wallonnes.
• S’intégrer dans les écosystèmes belge et européen, notamment via la Belgian Data Spaces Alliance

Pourquoi se tourner vers des partenaires à l'échelle de toute la Belgique et ne pas rester entre nous ? La réponse est simple : le vivier territorial est trop restreint pour créer une valeur ajoutée significative. Certes, il est possible de promouvoir l'échange de données entre entreprises locales, et certaines le font déjà avec deux ou trois partenaires. Cependant, notre objectif est de passer à une échelle supérieure. Pour cela, une vision "catalogue" des données disponibles et des niveaux de maturité est nécessaire pour instaurer la confiance. Il est donc essentiel de se tourner vers des partenaires plus nombreux et de plus grande envergure. Idéalement, nous pourrions même viser l'intégration dans les data spaces européens !

L'Agence du Numérique est membre de la https://www.dataspacesalliance.be/, une initiative fédératrice qui vise à :

• Représenter les acteurs belges dans les projets européens de data spaces.
• Stimuler la participation des écosystèmes belges à ces projets.
• Assurer une cohérence entre les standards européens et les initiatives locales.

L’AdN y joue un rôle d’observateur actif, en contribuant aux réflexions stratégiques et en facilitant la montée en compétence des acteurs wallons, sans pour autant porter directement les infrastructures.

Dans le cadre du projet wallon, plusieurs secteurs stratégiques ont été ciblés pour initier des cas d’usage concrets:

• Aéronautique et spatial,
• Santé, pharmaceutique et biotechnologies,
• Énergie et construction,
• Agroalimentaire et agriculture.

Ces secteurs ont été choisis pour leur potentiel en matière de mutualisation de données et leur impact sur la compétitivité régionale. Il reste maintenant à lancer des groupes de travail avec quelques partenaires de confiance pour sonder le potentiel et trouver des premiers use cases. Dans le meilleur des cas, des Proofs of Concept (POCs) pourraient déjà voir le jour.

Il est important de noter que des initiatives existent déjà et que certains partenaires wallons sont bien avancés, étant même déjà membres de data spaces européens. Le but du projet actuel est de stimuler les écosystèmes pour trouver d'autres acteurs pouvant suivre le chemin déjà ébauché.

L'Agence du Numérique est disponible pour répondre à vos questions. Pour les plus motivés, ceux qui veulent vraiment tout savoir sur les data spaces, sachez que l'Europe a mis en place un centre de support dédié à cette thématique. N'hésitez pas à consulter le site web pour plus d'informations.