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Publié le 16 octobre 2019

Le baromètre citoyens 2019 de l’Agence du Numérique mesure les différents indicateurs d’équipement et d’usage numériques par les Wallons. Ceux-ci sont le plus souvent en nette progression. L’AdN propose également une étude inédite sur les compétences numériques qui constitue un véritable outil stratégique pour la lutte contre la fracture numérique.

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Elever le niveau de maturité numérique des citoyens, une priorité pour le gouvernement Wallon.

Le baromètre de maturité numérique des citoyens réalisé par l’Agence du Numérique dans le cadre de Digital Wallonia montre que la fracture numérique est toujours présente, mais a changé de nature.

Dans un contexte où le numérique prend chaque jour une place plus importante dans tous les domaines de la société, l’exclusion numérique est une réalité vécue par au moins 20% de la population, voire 34% si l’on y adjoint les "usagers faibles" qui n’ont qu’une maîtrise fort limitée des technologies numériques.

Ce constat montre une fracture plus insidieuse que la fracture d’accès historique. En effet, malgré son accès à Internet, une partie importante de la population n’est pas en situation d’exploiter correctement les ressources et services numériques nécessaires pour agir en tant que "citoyen numérique".

Faciliter l'acquisition et le maintien des compétences numériques


Il convient donc d’agir concrètement pour faciliter l’acquisition et le maintien des compétences numériques dans toutes les catégories de la population :

  • A l’école : par une prise en compte résolue et volontariste du numérique dans le parcours scolaire des jeunes dès l’école fondamentale.
  • Durant la vie active : la formation continue au cours de la vie professionnelle doit permettre à chaque travailleur de mettre à jour et de perfectionner ses compétences numériques pour conserver un niveau d’employabilité en phase avec les besoins de son métier.
  • Après la retraite : il est indispensable de répondre aux attentes des seniors qui constatent la nécessité d’utiliser les ressources numériques pour participer activement à la société, mais éprouvent des difficultés pour acquérir et maintenir les compétences nécessaires.

Ce support accru apporté à la population pour la maîtrise des outils et des usages du numérique est d’abord et avant tout un besoin d’équité sociale pour permettre à chacun d’exercer ses droits et ses devoirs dans une société que se montre inexorablement toujours plus numérique.

C’est aussi une opportunité économique pour la Wallonie puisqu’une part significative des publics éloignés du numérique disposent de revenus satisfaisants et constituent donc une clientèle potentielle pour de nombreux services. C’est en particulier le cas de nombreux seniors qui peuvent faire croître la “silver-économie” et favoriser le développement de la Région, de technologies et de marchés, par exemple dans le domaine de la santé connectée.

Maintenir une hybridation des services virtuels et physiques


Il faut toutefois être réaliste et admettre qu’une société totalement inclusive sur le plan numérique est peut-être une utopie.

Il est donc aussi indispensable de conserver des dispositifs qui permettront aux personnes moins habiles sur le plan numérique de pouvoir exercer leurs droits dans la société.

A cette fin, la mise à disposition d’un "informaticien public", initiative déployée par l’asbl ARC à Bruxelles, est inspirante. En effet, avec la raréfaction des guichets (avec médiation humaine) dans nombre de services d’intérêt général, la présence, dans chaque commune, d’un médiateur à la disposition des personnes en situation de fracture numérique serait susceptible de leur conserver l’accès à des services numériques sans obliger chaque service en particulier de proposer cette médiation. Ce médiateur pourrait aussi utilement guider les bénéficiaires vers des dispositifs de formation adaptés pour sortir, chaque fois que c’est possible, ces personnes de la fracture numérique.

La relative faiblesse des compétences numériques de certaines catégories socio-professionnelles, en particulier celles d’une part conséquente des indépendants travaillant seuls ainsi que des ouvriers, appelle à une sensibilisation accrue de ces personnes aux enjeux du numérique dans leur profession et à la mise en place ou au renforcement des dispositifs de formation ou d’accompagnement adaptés à leurs spécificités.

Compétences, compétences, compétences ...


Enfin, il faut insister sur l’importance de la formation initiale, et donc de l’école, dans le processus d’appropriation du numérique qui doit dépasser les compétences liées à la consommation de l’information pour favoriser celles débouchant sur la production de contenus nouveaux.

En bref, le développement et l’entretien des compétences numériques de l’ensemble de la population wallonne, et pas seulement des personnes plus fragiles, est un challenge essentiel pour la Région.

Cette question des "compétences numériques" a d'ailleurs été identifiée comme l’un des neuf enjeux transversaux et l’un des cinq thèmes de la stratégie Digital Wallonia 2019-2024.

Le Gouvernement wallon, mis en place cet automne, est attentif à cette problématique puisque qu’il consacre plus d’une page de sa Déclaration de Politique Régionale aux actions qu’il compte soutenir en la matière dont voici l'introduction : "Les compétences numériques doivent être développées dès le plus jeune âge et tout au long de la vie".

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