Baromètre 2022. Le lien très étroit entre la transformation numérique et l’organisation de l’entreprise

Pour réussir les projets de transformation numérique, il est essentiel que les ressources humaines et les parties prenantes de l'entreprise adoptent les nouvelles technologies et leurs usages. C'est pourquoi dans son baromètre, l'Agence du Numérique étudie l'aspect humain de la numérisation : gestion, implication, mode de travail, formation, compétences à disposition, etc.

Bien que le développement organisationnel et individuel conditionne la réussite de la transformation numérique d’une entreprise, celui-ci constitue un point critique dans l'analyse de la maturité numérique des entreprises 2022.

En effet, si l’Agence du Numérique constate une progression du télétravail et des usages de logiciels collaboratifs ces deux dernières années, à contrario, elle observe une baisse de la formation aux compétences numériques et plus généralement un sous-investissement des entreprises dans le développement des compétences humaines et indispensables à la réussite des projets technologiques telles que la gestion de projet ou encore la gestion du changement.

L'Agence du Numérique a mené une enquête sur les types de projets numériques réalisés dans les entreprises de Wallonie.

Les résultats montrent que seulement 47% des entreprises ont effectué au moins un projet de numérisation au cours des deux dernières années, et que la taille de l'entreprise a une influence significative sur la conduite de ces projets. En effet, les entreprises de 10 travailleurs ou plus sont plus enclines à mener des projets numériques, avec un taux de 71%.

L'Agence du Numérique a également enquêté sur le contenu du plan d'action associés aux projets numériques dans les entreprises de Wallonie. Les résultats montrent que 70% des entreprises n'ont pas formalisé de plan d'action, ce qui indique un manque de méthode de gestion des projets, qui ne se résout que partiellement à mesure que la taille de l'entreprise augmente.

Ces taux suggèrent que les projets de numérisation de nombreuses entreprises wallonnes sont encore réalisés de manière ponctuelle en fonction des besoins identifiés et des moyens disponibles pour les rencontrer, sans s'inscrire dans une démarche de transformation numérique globale. Cela peut s'expliquer par le fait que 94% des entreprises wallonnes emploient moins de 5 travailleurs, ce qui implique que de nombreux projets numériques (ou non) sont menés sans formalisation de la méthode de gestion de ces projets.

L'implication du management et des travailleurs dans les projets numériques est essentielle à leur réussite. Bien que 80% des entreprises de plus de 10 employés impliquent la direction dans les projets numériques, le taux d'implication des travailleurs directement impactés par les technologies est relativement faible (37%). Pourtant, le retour sur investissement des projets de transformation numérique n'est atteint que lorsque les collaborateurs impactés par le changement maîtrisent les nouveaux processus de travail et les outils associés sans stratégie d'évitement ni de contournement.

Les responsables RH sont les moins impliqués dans les projets de numérisation, cela est dû au fait que ces fonctions n'existent pas ou ne soient pas formalisées dans les entreprises wallonnes peu nombreuses à afficher une ligne hiérarchique complète en raison de leur taille.

Enfin, les clients et les bénéficiaires ne sont pas suffisamment impliqués dans les projets numériques des entreprises wallonnes, malgré l'importance de leur rôle dans l'expérience client et la nécessité de développer des parcours clients fluides et sans friction. Il est crucial que les entreprises impliquent davantage les clients dans la conduite de ces projets, que ce soit directement ou indirectement à travers l'utilisation de données clients pour le développement de nouveaux produits et services numériques.

Les compétences jugées essentielles à l’accomplissement des projets de numérisation pour mener à bien des projets de numérisation en Wallonie sont principalement des compétences techniques en informatique (74%), des compétences métier (29%) et des compétences en gestion de projets (27%), ainsi que dans une moindre mesure des compétences relationnelles (21%).

Les entreprises wallonnes ont tendance à faire appel à des spécialistes externes pour les accompagner dans leurs projets numériques, principalement en informatique. Cela peut s'expliquer par le faible nombre de spécialistes numériques présents en interne dans les entreprises wallonnes, avec seulement 31% d'entre elles disposant d'au moins un spécialiste du numérique, et 18% disposant de spécialistes en informatique au sens strict.

L’Agence du Numérique a demandé aux entreprises de noter les compétences numériques de cinq catégories de personnel, allant de la direction aux collaborateurs occasionnels.

Malgré le potentiel de partialité, les résultats des auto-évaluations des répondants sont cohérents avec les indicateurs de maturité numérique mesurables, montrant une augmentation de la moyenne des compétences numériques avec la taille de l'entreprise. Les résultats indiquent également queles compétences numériques sont évaluées comme plus fortes au niveau de la direction (54%) que chez les collaborateurs métiers (45%), ce qui peut être dû à une surestimation des compétences ou à une réelle nécessité d'une meilleure maîtrise des outils numériques dans ces rôles de direction et de management.

Afin de maintenir leur employabilité et permettre à l'entreprise de tirer pleinement parti des opportunités offertes par le numérique, il est crucial de former les travailleurs à l'utilisation des technologies numériques. Malheureusement, seuls 13% des entreprises de plus de 10 employés ont formalisé un plan de développement des compétences numériques en 2022.

Cependant, lorsqu'ils existent, ces plans de développement sont variés :

• formations par du personnel en interne : 67%
• formation spécifiques dispensées par des organismes externes : 62%
• formations à distance (MOOC, e-learning, webinaire, etc.) : 29%
• apprentissage en situation : 25%
• incitants à l’auto-formation (temps de formation durant le temps de travail, budget à disposition pour la formation, etc.) : 18%
• coaching en développement personnel : 12%

Le pourcentage d'entreprises en Wallonie autorisant le télétravail est passé de 32% à 41% un an après le début de la pandémie. Les entreprises employant 10 travailleurs ou plus ont un taux de télétravail plus élevé de 60%.

La progression du travail à distance a également entraîné des évolutions dans le management. En 2020, seulement 25% des entreprises autorisant le télétravail ont constaté des changements dans leur gestion. En 2022, ce nombre a augmenté à 56% et les entreprises ont déclaré quele travail à distance implique une plus grande autonomie dans la gestion du temps pour les collaborateurs, une organisation du travail par projet ainsi qu'une évaluation des performances basée sur les résultats.

Le télétravail est souvent lié à la flexibilité et à l'autonomie dans le travail, mais cela peut créer un risque pour les travailleurs qui ont du mal à déconnecter leur vie professionnelle de leur vie personnelle. Aujourd'hui, la déconnexion est un droit des travailleurs que les entreprises doivent respecter. Cependant, dans les faits, seulement 31% des entreprises qui emploient au moins 10 travailleurs ont mis en place des mesures pour permettre ce droit à la déconnexion.

Le baromètre confirme l'importance croissante des logiciels RH et de travail collaboratif en raison de la pandémie de COVID-19 qui a forcé les travailleurs à collaborer à distance.

Les outils tels que Teams, Slack, Zoom, Jira, MS Project, Trello et les réseaux sociaux internes d'entreprise sont devenus essentiels pour la coordination automatisée du travail en équipe. Les logiciels d'enregistrement des prestations des travailleurs, d'évaluation et de recrutement sont également de plus en plus utilisés pour gagner en productivité. Les logiciels dont l’utilisation a le plus progressé depuis le dernier baromètre sont les logiciels collaboratifs et de messagerie, suivis des logiciels d'enregistrement des prestations des travailleurs puis des logiciels de gestion documentaire.

L’AdN vient de publier son nouveau Baromètre de maturité numérique des entreprises.

Un chapitre important concerne l’organisation de l’entreprise. Contrairement aux trois autres axes considérés pour mesurer la maturité numérique des entreprises (Infrastructure, Processus et Stratégies), l’axe organisation est le seul dont le score à diminué entre 2020 et 2022:

• Seulement 47% des entreprises ont effectué au moins un projet de numérisation au cours des deux dernières années et parmi celles-ci, seulement 30% ont réalisé un plan d’action.
• Seulement 37% des collaborateurs impactés par les changements technologiques sont impliqués dans les projets de numérisation.
• Seules 13% des entreprises de plus de 10 employés ont formalisé un plan de développement des compétences numériques en 2022.
• Seules 31% des entreprises employant au moins 10 travailleurs ont déclaré une ou des modalités de mise en œuvre du droit à la déconnexion.

• Pour démarrer, il est essentiel d’identifier les principaux défis qui vous serviront de point de départ et qui doivent soutenir la stratégie globale de votre entreprise. Afin de vous y aider, l'Agence du Numérique vous propose de mesurer en ligne et gratuitement la maturité numérique de votre entreprise via le DigiScore.
• Pour intégrer les défis humains qui sous-tendent la transformation numérique : découvrez les ressources mises à votre disposition.
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