La transformation numérique touche de très nombreux secteurs, y compris l’agriculture. Les données sont désormais transformées en solutions agronomiques concrètes qui viennent en aide aux agriculteurs, que ce soit dans la ferme ou au champ, ... L'exploitation des données est l'une des priorités du programme Agriculture du Futur de Digital Wallonia.

De manière un peu caricaturale, le secteur de l'agriculture n'est pas celui où l'on s'attend à trouver les dernières innovations numériques ou des applications d'intelligence artificielle. Et pourtant ...

Le CRA-W


"Depuis quelques années, différentes obligations au niveau de la PAC (Politique Agricole Commune) ont été numérisées. Cela implique dès lors que les agriculteurs s'engagent dans les nouvelles technologies", explique Viviane Planchon, directrice scientifique au Département Productions agricoles du Centre wallon de Recherches agronomiques (CRA-W). "Au CRA-W, nous cherchons à rendre service à l’agriculteur et à faire en sorte que les technologies mises en place dans les fermes ou les champs soient des aides à la décision", ajoute-t-elle.
 
Ainsi, plusieurs unités du CRA-W, avec leurs partenaires de recherche, travaillent avec des grands ensembles de données issues de l’utilisation de différents capteurs. Les techniques de l’intelligence artificielle, notamment le "machine learning" ou le "deep learning", permettent de transformer ces données en solutions concrètes. Elles concernent essentiellement les productions végétales, mais aussi les ruminants.

Embarqués sur des satellites, des drones, des tracteurs, des animaux, des lignes de production ou fixés sur des équipements de mesure tels que des stations météo connectées, des capteurs mesurent et enregistrent automatiquement un grand nombre d’informations.

Celles-ci sont notamment utiles pour mieux gérer les interventions dans les champs ou les étables, faciliter le travail des professionnels, améliorer la qualité des produits et préserver l’environnement. "Cela aide, par exemple, pour des avertissements lors de maladies, pour la protection des pommes de terre quand on annonce du mildiou", poursuit Viviane Planchon.

RumeXperts


Le champ des possibles

A l’échelle du champ, des capteurs, tels que des spectromètres portables ou embarqués sur des machines, peuvent être utilisés pour estimer, par exemple, la valeur alimentaire de l’herbe, la teneur en protéine des céréales, le statut azoté de la culture, le stress hydrique ou sanitaire d’une plantation (pommes de terre, betteraves, céréales).

Les nouvelles technologies ouvrent le champ des possibles : déterminer la qualité des fourrages, suivre la météo des parcelles avec précision, mieux cibler la pulvérisation ou encore un meilleur suivi des cultures.

Quand ce n’est pas directement sur un animal que la technologie est utilisée. Les vaches, par exemple, peuvent être équipées de capteurs sur un collier.

"La digitalisation permet de percevoir des choses non perceptibles à l’œil nu sur un animal à haute valeur ajoutée", indique Léonard Theron, vétérinaire et CTO de RumeXpert.

"Consulter certaines données permet d’anticiper. Si on soigne rapidement un animal dont on voit qu’il présente quelques signes d’une maladie permet d’éviter les antibiotiques quelques jours plus tard. Si on analyse le lait tous les deux jours, on y voit les contaminants mais aussi des informations sur la santé de l’animal. On peut prévoir l’arrivée d’un problème grâce à des variations de données. La vache est probablement l’animal le plus connecté du monde. Avec un capteur, on peut savoir combien de temps elle a marché, si elle est prête à être en chaleur, si elle a bien ruminé ou pas, etc. Plus la taille de la ferme augmente, plus ces outils deviennent intéressants et des aides pour réagir longtemps à l’avance" , ajoute Léonard Theron, rappelant que "digitaliser, c’est compter des choses".

"Les tablettes cunéiformes d’il y a 5.000 ans, c’était déjà des comptes agricoles", conclut-il, conscient que la digitalisation "animale" dépasse largement le seuil de la ferme, avec notamment des litières pour chats capables d’analyser les urines ou le traceur GPS qui permet de savoir, en temps réel, où son chien se trouve.

Agriculture durable


Enfin, la digitalisation ajoute un volet à l’agriculture durable. Dans le domaine de la santé, on voit que la prévention aide à éviter l’usage de pesticides.

Cela permet également de ne plus pulvériser qu’à certains moments bien précis, c’est-à-dire quand la pression de maladie est importante ou de semer au bon endroit sans gaspillage grâce au guidage GPS du tracteur. Ce qui, au niveau des épandages d’azote, par exemple, est intéressant pour la protection des nappes phréatiques et la santé humaine.

WalDigiFarm


"Il y a un gros manque de main d’œuvre : le robot ne remplace pas, il aide".
 
WalDigiFarm est une asbl qui a vu le jour, il y a 5 ans, à l’initiative du monde agricole. Sa mission ? Valoriser et favoriser l’usage numérique en production végétale en Wallonie.

"L’idée de départ, c’était de booster l’usage pour s’approprier les enjeux d’une technologie qu’il faut comprendre pour l’utiliser, de chercher à nous rassembler et à unir nos forces face aux freins qui pouvaient exister, au sein des exploitations, par rapport à la digitalisation", explique Sébastien Weykmans, manager de l’asbl.

"Les freins face à cette digitalisation du monde agricole sont nombreux. Il y a, par exemple, la question du retour sur investissement. L’agriculteur se demande combien ça va lui prendre de temps, ce que ça va lui rapporter… Il y a aussi la complexité des technologies, la crainte que ça ne prenne trop de temps, les enjeux par rapport à la protection des données ou encore le manque d’interopérabilité des systèmes entre eux et l’écart qui existe parfois entre les besoins des agriculteurs et ce que le marché peut leur offrir", poursuit-il.

Sensibilisation

WalDigiFarm a mené des opérations de sensibilisation avec l’Agence du Numérique, mais aussi des formations suite au constat que le secteur souhaitait être accompagné dans tout ce qui touche à la formation au numérique.

S’il y a 5 ans, les agriculteurs avaient déjà compris que le numérique allait être partout, y compris dans l’agriculture, aujourd’hui, ils ont besoin d’être accompagnés en formation. WalDigiFarm est là pour cela, mais aussi pour travailler à conscientiser les fournisseurs de solutions aux besoins du terrain tout en nous penchant sur certains freins comme la protection des données agricoles, étant donné que la géolocalisation d’un tracteur peut poser question.
 
Est-ce que, à terme, le robot pourra remplacer l’agriculteur, dans le champ ou dans la ferme ?"C’est un grief exprimé, effectivement, mais qui n’a pas lieu d’être. D’autant qu’il y a un gros manque de main d’œuvre dans les fermes. Le robot qui fait le désherbage, il ne remplace pas quelqu’un. Il est un aidant mécanique. Certaines technologies sont devenues des outils très appréciés des agriculteurs comme les stations météo qui ne comptent que quelques centaines d’euros et sont, à la fois, bien faites, simples et intuitives", conclut Sébastien Weykmans.

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Le programme Agriculture du Futur de Digital Wallonia a pour objectif de favoriser et développer l'usage des technologies numériques pour transformer le monde de l'agriculture.
 
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