Recycler la cryptographie en opportunité de sensibilisation à la confidentialité, tel était le sujet ambitieux de cette exposition en partenariat avec Digital Wallonia. Retour sur un beau succès de foule en ce jour de mise en application du GDPR.
Le secret est-il constitutif de la vie en société? Pouvons-nous imaginer un monde où tout se saurait sur tout et tout le monde?
Succès de foule pour un sujet plus actuel que jamais
L’accroche de l’exposition “Top secret! Un monde à décrypter” qui fermait ses portes il y a quelques jours au Mundaneum, en a capté plus d’un. Plus de 11 000 visiteurs ont pénétré l’univers des codes secrets et de la cryptographie le temps d’une année académique dédiée aux mondes numériques. Aussi inattendue qu’inspirante, c’est une rencontre entre l’UCL et le Mundaneum qui a été l’étincelle de cette aventure: celle du monde de l’archive et de la cryptologie!
Recycler la cryptographie en opportunité de sensibilisation à la confidentialité: un objectif ambitieux pour une expo citoyenne visible depuis le mois d'octobre. Huit mois ont passé et depuis lors, la tornade “Cambridge analytica” est passée par là, secouant la galaxie Facebook, ses 2 milliards d’utilisateurs, soit près d'un tiers de la population mondiale, et par la même occasion, nos démocraties occidentales et notre rapport sphère privée / res publica. “Pas de démocratie sans secret” titrait l’Écho à propos de l’expo. Et la numérisation de la société de repousser inexorablement les frontières du secret...
L'histoire de la technologie pour décoder les enjeux sociétaux actuels
Jean-Jacques Quisquater, cryptologue et commissaire de l’exposition, et Termot Turing face à Enigma, la machine de (dé-)chiffrage allemande décryptée par son célèbre aïeul Alan Turing.
Les médias nous le rappellent chaque jour: nous vivons un changement de paradigme. Aborder ce thème dans la Maison de Paul Otlet, l’homme qui a pensé le web avant le web, n’était pas anodin. L’inventeur du web Tim Berners Lee lui-même fait appel à la Belgique et au fondateur du Mundaneum quand il faut défendre la neutralité du Net.
L’exposition « Top secret ! » soulève des questions qu’on n’aurait pas imaginées avant de la visiter… nous confiait le Britannique Dermot Turing, neveu du plus célèbre pionnier de l’informatique Alan Turing lorsqu’il inaugurait l’exposition à nos côtés en octobre dernier.
Rendre tangible et intelligible une réalité aussi virtuelle que la sécurité de l’information au coeur du “Google de papier”: le challenge était ambitieux et a été rencontré, si l’on en croit les commentaires des visiteurs,
“Nous y avons passé une bonne heure, c’était top : Mon aîné a vraiment bien compris ce qu’était la cryptographie et les enjeux à l’heure du numérique. Tous les objets exposés rendent le sujet d’autant plus concret.” Amélie
“Magnifique visite ce dimanche. On a commencé à 15h15... jusque 18h quand on nous a dit que l’expo fermait :-)” Alain
L’exposition tombait à point nommé, preuve en est la mobilisation médiatique sur le sujet:
« L’art secret de la cryptographie » (Le Soir), « L’information, c’est le pouvoir » (De Standaard), « Notre époque a-t-elle tué le secret ? » (Usbek et Rica), “On est toujours plus espionné qu’on le croit… surtout par ses amis” (La Libre Belgique), “Non, le bitcoin n’est pas la monnaie du futur” (Trends tendances).
Tendre un axe temporel et faire de l’histoire des technologies de l’information et de la communication une clé de compréhension des enjeux de société: telle est l’originalité de “Top secret!”, devenue au fil de ses expos originales, un label “Mundaneum”.
Le dark web entre au musée
"QMD / X1" par Mathieu Zurstrassen (Belgique)
Au coeur du dispositif, des artistes numériques ont été sollicités pour leur capacité sans pareil d’aborder et de montrer avec sensibilité, l’impact sociétal du numérique. La cryptographie s’est ainsi exprimée à travers un mur de webcams connectées dans des bureaux du monde entier, une tapisserie composée au départ de data collectées, un arsenal de protection contre les satellites espions ou une grenade pour brouiller les signaux infrarouges ... L’un d’eux, le gantois Dries Depoorter, a depuis lors fait un buzz mondial en créant la première application de chat pour “mourir ensemble” (“Die with me”) par smartphones interposés. Valérie Cordy, par ailleurs directrice de La Fabrique de Théâtre, nous a quant à elle emmenés dans ses tribulations au coeur du dark web: une première au musée!
Objectif: Démocratie!
Projection de “Démocratie(s)” du collectif Datagueule.
Résolument ancrée dans son temps, “Top secret!” a été, au-delà d’une exposition, le point de départ de nombreux événements pour approfondir le sujet avec une composante récurrente: “crypto et démocratie”. En novembre, deux générations de la crypto étaient réunies sous la sphère du Mundaneum avec le cryptologue et commissaire scientifique de "Top secret" Jean-Jacques Quisquater et Lionel Dricot, chercheur en “blockchain et démocratie” du groupe crypto UCL créée par le premier. Le 8 février, 150 élèves de 15 à 22 ans se pressaient devant les portes du Mundaneum pour détricoter, le temps d’une journée, les ressorts des théories du complot et des fake news. De nombreuses conférences, dont un Collège Belgique avec l’Académie royale, ont été organisées tout au long de l’expo pour questionner l’avenir de la monnaie à l’heure du numérique, du Bitcoin aux tokenomics. Quelques jours après la sortie de leur documentaire “Démocratie(s)”, le célèbre collectif français Datagueule qui décode l’actu à coup de data, nous offrait la primeur en nous rendant visite au Mundaneum pour une projection-discussion animée (revoir l’ITW réalisée par TéléMB)!
40 événements au total réunissant le monde associatif, le monde de l’entreprise, de l’industrie, le monde académique, profitant d’un écrin sans pareil au cœur de l’espace culturel, pour aborder le futur de l’information et la confiance numérique.


