Selon un rapport de l'OCDE sur les compétences nécessaires pour s’épanouir dans un monde en mutation, les compétences numériques et soft skills sont devenues aujourd'hui tellement indissociables qu’on peut considérer ces dernières comme des compétences numériques à part entière.
Les compétences des adultes dans un monde en mutation
Une étude de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), menée en 2023 et publiée en février 2025, a évalué les compétences de 160 000 adultes âgés de 16 à 65 ans dans 31 pays.
Elle fournit un aperçu complet des compétences indispensables en littératie, numératie et résolution adaptative de problèmes.
Compétences essentielles
Ces compétences transversales sont essentielles pour le développement personnel, économique et sociétal :
- Littératie. Capacité à comprendre, interpréter et utiliser des informations, bien au-delà de la simple lecture ou écriture. C’est la faculté d’acquérir et de combiner des connaissances.
- Numératie. Faculté à comprendre et utiliser des informations chiffrées et des concepts mathématiques, pour gérer des situations de la vie courante impliquant des chiffres, pourcentages ou proportions.
- Résolution de problèmes. Aptitude qui consiste à être capable d’identifier une solution à un problème dont les termes sont amenés à changer. Ce qui est particulièrement utile quand il s’agit de s’adapter, d’innover et de tirer parti des technologies qui nous entourent.
Tendances observées
Le Danemark et la Finlande ont enregistré une forte hausse de leur niveau en littératie depuis 2012. Tandis que la majorité des autres pays baissent ou stagnent.
En matière de numératie, c’est à Singapour et en Finlande que les progressions les plus fortes ont été mesurées.
Importance des compétences transversales
Ces compétences sont jugées fondamentales pour vivre, s’épanouir et travailler au sein de nos sociétés de l'information car :
- D’une part, ces capacités sont de plus en plus mises à contribution dans des contextes professionnels où la numérisation des échanges et des transactions génère d’importantes quantités d’informations. On interagit de plus en plus avec des outils ou des machines qui sont pilotés par des systèmes numériques, qui produisent des informations qu’il nous faut interpréter et valoriser.
- D’autre part, c’est également un enjeu démocratique et politique. Les citoyens doivent comprendre au mieux le monde dans lequel ils vivent, pour appréhender les problèmes qui se posent et apprécier la pertinence des solutions envisagées par les gouvernants ou les candidats lors des élections. Et cela malgré la complexité des sujets de société.
Littératie numérique, même combat
Le référentiel européen de littératie numérique DigComp décrit les 21 compétences clés, réparties en 5 volets, nécessaires pour "vivre, travailler, s'épanouir" dans nos sociétés.

Comme l'illustre le graphique ci-dessous, le développement des compétences numériques est indissociable de celui des compétences transversales et plus le niveau de compétences numériques est élevé plus les compétences transversales prennent de l'importance.

Depuis longtemps, il est établi que les compétences numériques de base, telles que la navigation sur Internet, s’acquièrent principalement par la pratique autodidacte. Ces compétences reposent davantage sur les soft skills que sur des formations techniques.
Certaines personnes peuvent ressentir le besoin d’un accompagnement, comme un module de découverte et de prise en main. Cependant, même pour elles, la réponse appropriée réside davantage dans le développement des soft skills que dans une formation technique.
Pourquoi ? Parce que ce qui est en jeu, c’est avant tout la perception que ces personnes ont de leur propre capacité à réussir ! Les psycho-pédagogues appellent cela le “sentiment de compétence”. En d’autres termes, ces personnes abandonnent avant même d’avoir essayé ou se découragent rapidement (“ce n’est pas pour moi”). La réponse appropriée réside donc moins dans la “formation technique” (bien qu’un minimum puisse être utile) que dans le développement des compétences transversales, des attitudes et du savoir-être. Cela leur permettra de changer de “mindset”, d’oser expérimenter, de développer leur capacité à apprendre à apprendre, et de gagner en confiance et en résilience dans leur utilisation du numérique.
Par contre, ce qui est nouveau, c’est la prise de conscience de l’importance des compétences transversales, même pour les profils “high level”, notamment les professionnels de l’IT. On attend d’eux qu’ils soient capables de traduire les besoins “business” et de faire preuve de créativité. Les IA génératives facilitent encore plus la délégation de tâches. Les profils les plus créatifs mettent en place des “routines” qui automatisent le traitement de certaines tâches rébarbatives et redondantes.
Pour en savoir plus
À propos de l'auteur.
Pascal Balancier
Agence du Numérique