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Publié le 26 mars 2024

Lorsqu’on parle de numérique, la polarisation est souvent de mise. Quand le terme est adossé à celui d’environnement, les débats s’enflamment. Les uns posent les technologies numériques comme solution universelle de réduction des dépenses énergétiques. Les autres en appellent à une sobriété radicale pour sauvegarder l’environnement Dans le cadre du programme Digital Wallonia 4 Circular, l'Agence du numérique tente d'approfondir cette thématique complexe.

Pas simple, dans ces discussions passionnées et pétries d’intérêts, de se frayer un chemin ou de décanter les termes du débat. Pourtant, s’interroger sur la manière avec laquelle numérique et environnement cohabitent relève d’une urgence au regard des engagements des États dans ces domaines.

Dans un récent rapport, le collectif AlterNumeris passe au crible le couple numérique et environnement, deux "transitions" concomitantes trop souvent étudiées séparément. La question de leur compatibilité s’y pose ouvertement. Se renforcent-elles ou se contredisent-elles ? Sont-elles compatibles ? Peuvent-elles cohabiter et, si oui, de quelle manière ? Trois regards complémentaires sont ici proposés pour y voir un peu plus clair, etc.

Un regard expert


Ce premier regard permet de faire l’état des connaissances autour des liens entre numérique et environnement. Bien que les recherches produites soient encore jeunes et de teneurs diverses, des points de convergence existent. Dans les recherches produites, l’impact direct négatif du numérique sur l’environnement est incontesté ; en cause, l’extraction, la production, l’utilisation et la fin de vie des équipements permettant les services digitaux. C’est notamment le cas sur le plan de la production de gaz à effets de serre ou de la consommation de diverses ressources.

Les recherches, détaillées dans le rapport d’AlterNumeris, amènent donc à conclure que les transitions numérique et écologique ne se renforcent pas naturellement. Pour terminer, il est difficile de tirer une conclusion générale quant à l’impact net du numérique sur l’environnement : d’une part du fait de la rareté de ce type d’évaluations, d’autre part du fait de la divergence entre les études biaisées produites par l’industrie (poussant la numérisation) et les études produites par les think tanks (invitant à sa réduction rapide).


Un regard politique


Ce second regard repositionne l’articulation entre environnement et numérique dans les termes d’une lecture politique. Il renforce la prémisse selon laquelle une politique du numérique est indissociable de son versant environnemental et ne peut être pensée de façon isolée, découplée, sectorielle ou liée à un usage particulier. Mais, surtout, il introduit de la pluralité dans les futurs possibles, dans les manières envisageables d’articuler les deux transitions.

Ce regard vise surtout à enrichir le débat public en défrichant des imaginaires politiques alliant chacun différemment numérique et environnement, et débouchant sur différents futurs souhaitables sur le plan de la mobilité et de l’habitation, de la production et de la consommation, du rapport au temps et à l’autre, du lien à la technique et au milieu. Ces scénarios sont traversés par des dosages distincts de mesures de sobriété et d’efficacité, et s’appuient sur un programme et des instruments d’action publique.

Un regard citoyen


Ce troisième regard propose une grille de lecture visant à aider les citoyens à décoder les multiples rapports, chiffres et autres évaluations d’impact du numérique sur l’environnement circulant dans l’espace public. Devant un propos d’apparence si technique, il propose neufs points d’attention permettant de se positionner à l’égard de ce genre d’études. Ils brossent la question du périmètre, de la pertinence, de la transparence et des recommandations émises dans ces documents alimentant les prises de position dans les débats publics.

A la lumière de ces analyses, le collectif AlterNumeris formule deux recommandations principales :

  1. Adopter le réflexe des 3 regards (expert, politique, citoyen) dès qu’une nouvelle connaissance est produite.
Adopter le réflexe des trois regards permet d'élargir son champ de vision et de se forger une opinion plus critique et nuancée sur ces thématiques. Loin des partis pris idéologiques ou des prises d’intérêt, cela permet à chacun de se forger une opinion nuancée.
  2. Dans l’incertitude, appliquer le principe de précaution.
Face à la difficulté de déterminer si oui ou non l'essor de la numérisation entraîne une réduction nette de l'empreinte écologique globale, et face à la nécessité de plus en plus urgente de faire décroître celle-ci, la simple application du principe de précaution conduirait à la conclusion suivante : chaque secteur économique doit travailler à la réduction de son empreinte écologique, sans exception pour le numérique.

Consulter le rapport complet sur le site d’AlterNumeris.

Par ailleurs, l'Agence du Numérique a réalisé un dossier sur le numérique et environnement.

De plus, pour approfondir ce sujet complexe, l’Agence du Numérique vient de faire appel à deux référents spécialisés en énergie et circularité.

Pour en savoir plus