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Publié le 2 octobre 2023

La numérisation des processus de l'entreprise n’est déjà plus une question de choix mais de savoir quand et comment. Le programme "Industrie du Futur" de Digital Wallonia, stratégie numérique de la Wallonie, est au service des entreprises manufacturières pour les aider à mieux appréhender ce challenge et les accompagner tout au long de cette démarche.

L'industrie 4.0 doit devenir une priorité


Selon le baromètre 2022 de maturité numérique des entreprises wallonnes, l'Agence du Numérique constate que la maturité numérique des entreprises wallonnes a globalement évolué de façon positive au cours de ces deux dernières années. Par contre, en qui concerne la digitalisation des méthodes et processus de production (Industrie 4.0), les taux d’usage des technologies avancées sont à peine plus élevés que les taux moyens tous secteurs confondus.

Visuel Existence d'un plan de transformation en industrie 4.0 selon la taille

L'Agence du Numérique constate que seulement 3% des entreprises consultées ont une stratégie Industrie 4.0 (ce pourcentage monte à 8% si on élimine les entreprises de moins de 10 personnes) alors que 20% des entreprises wallonnes sont manufacturières.

De manière générale, la transformation digitale des entreprises a souvent été orientée d’abord vers les processus commerciaux permettant le développement du chiffre d’affaires grâce à de nouveaux outils digitaux et ensuite vers les processus de gestion internes générant un gain de productivité significatif grâce à des solutions intégrées et automatisées.

En revanche, les processus de production restent relativement peu couverts malgré de nombreux exemples de numérisation réussie. Une des preuves en est que l’utilisation des technologies avancées, pourtant matures aujourd’hui, reste anecdotique au vu de l’étude.

On peut évidemment regretter cette situation mais, si on se concentre sur le futur, on peut également déduire que le potentiel d’amélioration lié à l’Industrie 4.0 est toujours très significatif.

De plus les sociétés qui s’engageront aujourd’hui pourront bénéficier de solutions éprouvées et capitaliser sur les expériences de leurs pairs.

Des entreprises exemplaires


En 2022, la Belgique comptait 48 "Factories of the Future", comme le montre le graphique ci-dessous publié par Agoria, toutes ces entreprises présentent des performances nettement supérieures à celles de l’ensemble des sociétés manufacturières du pays, cela dans tous les domaines. Elles sont également plus résilientes en période de crise.

Visuel. Evolution FOF 2016-2021

Pour la Wallonie, 12 entreprises ont reçu le statut de "Factory of the Future".

Pourquoi accélérer le passage vers l'industrie 4.0


Les bénéfices de l'industrie 4.0 sont multiples pour les entreprises mais aussi pour les clients, les partenaires et les collaborateurs. On notera :

  • la réduction des coûts,
  • l'augmentation de la qualité/réduction des déchets,
  • les meilleurs délais de livraison,
  • la réduction des investissements et des inventaires,
  • l'augmentation de la productivité,
  • l'amélioration de l’environnement de travail, etc.

Le baromètre wallon le confirme et mentionne que les principaux leviers cités lors des projets réalisés étaient :

  • les gains de productivité escomptés par l’automatisation (42 %),
  • les exigences des clients (41 %),
  • le développement de nouveaux produits/services et la disponibilité de solutions numériques adaptées sur le marché.

Démystifier la transformation numérique

Le pourcentage de "convaincus du numérique" est passé de 35% en 2020 à 45% en 2022, soit une nette évolution au niveau de la prise de conscience de l’intérêt de la transformation digitale par les dirigeants d’entreprise.

Visuel. Perception du numérique par les dirigeants d'entreprise

La perception des chefs d’entreprise est influencée par plusieurs facteurs, notamment l’âge, le genre et le diplôme du dirigeant, la taille et le secteur de l’entreprise, etc.

Sans surprise, ce sont les dirigeants les plus jeunes qui sont les plus convaincus (57%) et les grandes entreprises sont les plus mobilisées avec 86% contre +/- 45% pour les TPE et PME.

Il est aussi intéressant de constater que dans l’enquête, les dirigeantes précèdent leurs collègues masculins de peu dans la perception des opportunités digitales.

Au niveau des secteurs, les industries manufacturières restent les moins convaincues avec entre 26% et 39%, loin derrière les secteurs "technophiles" : numériques et recherche, services aux entreprises, culture et média, finance et commerce qui montrent des scores atteignent 85% à 50%.

Depuis le début de la révolution digitale, le manque de conviction des dirigeants d’entreprise par rapport aux bénéfices de la transformation numérique est la première raison pour laquelle trop d’entreprises n’ont pas inscrit ce type d’initiatives dans leur stratégie.

Le baromètre indiquent que les principaux freins pour les entreprises qui n’ont pas lancé des projets de numérisation les deux dernières années sont :

  • l’inutilité perçue des technologies (59 %)
  • le manque de temps (31 %)
  • le manque de compétences en interne (15 %)

Heureusement, cette situation évolue favorablement mais pour convaincre les 55% de patrons qui n'ont pas encore fait le pas, il faut d'abord éduquer et rassurer.

La peur de l’inconnu et du changement est souvent associée à une prise de risques trop important, la création de problèmes, la résistance des collaborateurs et à l’échec dans l’atteinte des objectifs après avoir puiser largement dans les ressources de la société.

Il ne faut pas nier que conduire un projet de numérisation n’est pas "un long fleuve tranquille" et que, comme tout projet de transformation, il faut prendre en compte de nombreux facteurs de réussite en commençant par l’adoption d’une approche de projet adéquate depuis la définition de la vision, en passant par la mobilisation des collaborateurs, l’alignement des aspects business et ICT et la gouvernance soutenue par la direction de l’entreprise.

Une bonne pratique pour réussir est de se faire accompagner par un(des) partenaire(s) choisi(s) qui apportera(ont) l’expertise technologique et l’expérience métier ainsi que les compétences nécessaires à la réussite de l’initiative.

Le plus important est d’abord de lever les a priori et les croyances erronées subsistant encore chez 55% des décideurs qui ne sont pas encore convaincus, car sans la prise de conscience et la confiance des patrons il n’y aura pas de projets.

Visuel. Mythes et réalités

Mieux vaut tard que jamais !

Prendre le train de la digitalisation permet aux entreprises non seulement de bénéficier des améliorations apportées par la numérisation mais aussi, de mieux répondre aux attentes des clients, des partenaires et des collaborateurs et également, de rester compétitives face à leurs concurrents !

Pour les entreprises manufacturières, le contexte semble plutôt favorable :

  • Le potentiel d’amélioration est très significatif permettant un retour sur investissement rapide.
  • Le retard par rapport à la concurrence est relativement moins grand que dans d’autres secteurs.
  • Les technologies avancées sont aujourd’hui éprouvées et plus abordables financièrement.
  • Il existe des références et des bonnes pratiques inspirantes dans le marché.
  • De nombreux partenaires spécialisés sont disponibles pour l’accompagnement des entreprises sur des projets de type Industrie 4.0.
  • Le vivier de (jeunes) ressources maitrisant les nouvelles technologies grandit, même si le recrutement reste un enjeu important.

En résumé


Pour les entreprises manufacturières qui ont réussi à améliorer leur excellence opérationnelle par la mise en œuvre de processus optimisés grâce à des approches de type "Lean" et autres modèles similaires, la numérisation des processus est un nouveau levier majeur d’évolution.

Pour les autres, pourquoi ne pas combiner les deux approches et considérer la transformation digitale comme le levier d’optimisation des processus industriels ?

Pour en savoir plus

À propos de l'auteur.

Pierre Lorquet


Agence du Numérique