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Publié le 21 mars 2025

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Le 20 mars 2025, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) célébrait son anniversaire autour d’un thème aussi essentiel qu’actuel : "Je m’éduque, donc j’agis". À l’occasion de cette journée internationale de la Francophonie, une conversation-débat intergénérationnelle s’est tenue au siège parisien de l’OIF, rassemblant diplomates, experts, jeunes, journalistes et représentants institutionnels autour de l’éducation, du numérique et de l’engagement citoyen.

La date du 20 mars n’est pas anodine. C’est en effet le 20 mars 1970 qu’a été fondée l’Agence de Coopération Culturelle et Technique, ancêtre de l’OIF. Depuis, cette journée mondiale célèbre non seulement la langue française, mais aussi les valeurs qu’elle véhicule : solidarité, diversité culturelle et linguistique, coopération et dialogue. Cette année, c’est l’éducation comme socle de citoyenneté dans un monde en mutation qui a servi de fil rouge aux échanges.

Un débat rythmé, des générations connectées


Modérée avec finesse par la journaliste Dominique Tchimbakala (TV5 Monde), la matinée a débuté par un moment joyeux et inspirant animé par l’humoriste Boucar Diouf, qui a su, avec humour et profondeur, faire rire tout en interrogeant les paradoxes de notre rapport au savoir, au numérique et à l’identité francophone.

Madame Louise MUSHIKIWABO, Secrétaire générale de la Francophonie, a ensuite pris la parole pour rappeler que l’éducation, dans toutes ses formes, est le levier principal d’une Francophonie active et inclusive, capable d’anticiper les bouleversements technologiques tout en restant fidèle à ses valeurs fondatrices.

Deux interventions d’experts sont ensuite venues nourrir le débat : celle de Sébastien Reinders, expert en éducation et numérique pour l’Agence du Numérique en Wallonie, et celle d’Éléonore Saumier, engagée depuis une décennie dans la promotion de l’engagement citoyen des jeunes à l’Office franco-québécois pour la jeunesse (OFQJ).

Des compétences aux solutions. Une réflexion collective et structurée


Invité en tant qu’expert en éducation et numérique pour l’Agence du Numérique en Wallonie, Sébastien Reinders a conduit une intervention articulée en trois temps, nourrie par des échanges interactifs avec la salle via la plateforme Wooclap. Le cadre européen DigComp a servi de base pour explorer les compétences numériques essentielles à une citoyenneté active dans un environnement en mutation.

La discussion a rapidement mis en lumière plusieurs défis majeurs auxquels l’espace francophone est confronté :

  • la formation continue des enseignants,
  • l’accès équitable aux infrastructures et aux outils,
  • le développement de l’esprit critique face aux biais algorithmiques et à la désinformation,
  • la préservation d’une souveraineté éducative dans un contexte technologique mondialisé.

Des pistes d’action concrètes ont ensuite émergé de la conversation avec le public :

  • l’intégration plus systématique des compétences numériques dans les programmes scolaires,
  • le renforcement de la formation professionnelle des enseignants, notamment via des initiatives portées par l’Institut de la Francophonie pour l’Éducation et la Formation (IFEF),
  • la coopération entre pays francophones pour mutualiser les ressources,
  • et l’investissement dans des outils pédagogiques adaptés aux réalités culturelles et linguistiques des publics.

Cette séquence a permis de réaffirmer collectivement que l’éducation numérique ne se limite pas à l’apprentissage d’outils, mais qu’elle constitue un levier essentiel pour former des citoyens éclairés, autonomes et engagés.

Jeunesse engagée, citoyenneté en action


L’intervention d’Éléonore Saumier a ouvert un riche échange sur la citoyenneté et les multiples formes que peut prendre l’engagement des jeunes. Grâce à des outils participatifs, notamment un nuage de mots, le public a été invité à partager sa propre définition de la citoyenneté. Les réponses ont révélé une diversité de perceptions : agir pour les autres, s’impliquer localement, faire entendre sa voix, se sentir responsable de l’avenir commun.

Plusieurs jeunes présents dans la salle ont pris la parole pour témoigner de leurs engagements concrets, dans des domaines aussi variés que l’environnement, la solidarité, les droits humains ou la culture. Ces interventions ont mis en lumière un engagement quotidien, souvent discret mais profondément ancré dans les réalités vécues.

L’éducation formelle n’est pas seule à former des citoyens : les expériences de terrain, les projets collectifs, les échanges interculturels jouent un rôle essentiel. Ce moment d’échange a ainsi souligné que la citoyenneté se construit autant dans l’action que dans l’apprentissage, et que l’espace francophone offre un terreau fertile pour encourager cette dynamique.

Une Francophonie apprenante, inclusive et tournée vers l’avenir


"La Francophonie, ce n’est pas une langue figée, c’est un monde en conversation", rappelait Boucar Diouf. Cette journée en a été une démonstration concrète. Cette matinée d’échanges n’a pas seulement permis de croiser les regards entre générations. Elle a montré la vitalité d’une Francophonie éducative qui place les compétences numériques et l’engagement citoyen au cœur de ses priorités. Elle a aussi réaffirmé que former à la citoyenneté numérique, c’est former à la liberté, à l’esprit critique, à l’action collective.

Un message fort, à l’image du thème de la journée : "Je m’éduque, donc j’agis" – une devise que les jeunes francophones présents ce 20 mars 2025 à Paris ont manifestement faite leur.

À propos de l'auteur.

Sébastien Reinders


Agence du Numérique