Etude et analyse

Publié le 22 mars 2023

Programmes liés : DigitalEES

Pour la première fois, l’AdN a enquêté sur la conduite de projets numériques. 47% des entreprises wallonnes déclarent avoir conduit au moins un projet de numérisation au cours des deux dernières années.

Organisation


L’adoption des technologies et de leurs nouveaux usages par les collaborateurs de l’entreprise est indispensable à la réussite d’un projet de transformation numérique.
C’est pourquoi, l’Agence du Numérique a étudié plus finement le volet humain de la digitalisation sous l’angle de la conduite des projets numériques, de l’implication du management dans le changement ou encore de l’impact des technologies sur les formes de travail, les compétences et la formation. Qu’en est-il en économie sociale ?

La conduite des projets numériques

Proportionnellement, l’économie sociale mène davantage de projets de numérisation que l’économie classique. En effet, 54 % des EES ont mené un projet numérique entre 2020 et 2022 contre 46 % en économie classique.

Si nous mettons le focus sur la création ou l’amélioration de site web, le taux de projets numériques réalisés est pratiquement deux fois supérieur à celui de l’économie classique; ce qui confirme un intérêt plus important en matière de visibilité et de communication au travers des canaux numériques.

Par contre, les taux relatifs aux autres types de projets de numérisation (change, organisation, formation) sont comparables à ceux de l’économie classique.

Enfin, même si l’étude identifie un manque de méthode dans la gestion de projets numériques de manière générale, les EES sont proportionnellement plus nombreuses à associer des plans d’action à leurs projets digitaux, puisque 43 % mettent en œuvre ces plans contre 30 % en économie classique. En atteste les taux de présence d’échéanciers des actions à mener et l’identification des personnes responsables qui identifient l’économie sociale comme plus structurée dans sa démarche.

L’implication du manager et des autres fonctions

Au sein des entreprises employant au moins dix travailleurs, on constate, dans 89 % des cas, que la direction est impliquée dans les projets numériques en économie sociale. Le dirigeant est un sponsor majeur de la transformation numérique.

Au-delà du manager, deux autres profils sont souvent impliqués dans les projets numériques : le responsable informatique et les travailleurs directement impactés par les technologies mises en place. Malheureusement, ce dernier taux est faible et il l’est encore davantage en économie sociale. En effet, seuls 32 % des collaborateurs concernés par le changement sont impliqués dans la transformation.

A l’inverse, l’implication des responsables d’équipes et du directeur financier n’est mentionnée que par 25 % des entreprises d’économie classique contre 37 % en économie sociale.

Pour finir, le responsable des ressources humaines arrive, quant à lui, en dernière position des managers impliqués dans les projets de numérisation (8 % en économie sociale). Ce faible taux d’implication des responsables RH peut s’expliquer par le fait qu’au sein des entreprises wallonnes peu affiche une ligne hiérarchique complète en raison de leur taille.

Les compétences

La formation des travailleurs à l’usage des nouvelles technologies est indispensable. Il s’agit non seulement de maintenir l’employabilité des collaborateurs, mais aussi de permettre à l’entreprise de tirer pleinement profit de l’ensemble des opportunités que recèle le numérique.

En 2022, seulement 13 % des entreprises employant 10 travailleurs et plus ont formalisé un plan de développement des compétences numériques. Ce taux reste trop faible compte tenu de la rapidité de développement des technologies numériques.

Par ailleurs, 22 % (-10) des entreprises wallonnes employant du personnel déclarent avoir formé au moins un collaborateur dans un domaine numérique entre 2020 et 2022. Cette diminution du taux d’entreprises ayant organisé de la formation à l’usage des outils numériques est plus que probablement imputable au Covid, car les entreprises ont dû organiser le travail à distance et étaient dans de moins bonnes conditions pour organiser la formation continue de leurs collaborateurs. Néanmoins, l’économie sociale fait mieux avec un taux de 27 % soit 5 points de plus que l’économie classique.

En économie sociale, le travail à distance est autorisé dans 71 % des entreprises employant du personnel. Cet écart impressionnant entre l’économie marchande et sociale peut s’expliquer par exemple par la taille moyenne des entreprises d’économie sociale (4 collaborateurs) supérieure à celle de l’économie classique (3 collaborateurs) ou encore leurs valeurs axées sur la qualité de vie ou l’écologie. D’autre part, les entreprises d’économie sociale sont essentiellement actives dans des secteurs de services plus facilement dématérialisables et délocalisables.

Pour en savoir plus

À propos de l'auteur.

Marie-Pierre Van Dooren


Agence du Numérique