Google ne se repose pas sur ses lauriers. Disposant de ressources financières pratiquement illimitées, l’entreprise a multiplié les services et produits innovants, des Google Glass aux voitures sans chauffeur. Dernière annonce en date, son ambition de construire des villes et des aéroports.
10 fois plus
L'un des deux fondateurs de Google, Larry Page, explique sa vision de l'innovation de manière très simple: 10 fois mieux. Il attend donc de ses collaborateurs qu'ils proposent de nouveaux produits et services qui seront ... 10 fois supérieurs à ceux de la concurrence. Une telle performance ne peut s'envisager qu'en repensant complètement les problèmes ou défis auxquels on s'attaque et en repoussant à leur extrême limite les capacités technologies disponibles.
Grâce à sa position de leader mondial incontesté des moteurs de recherche et son système de liens sponsorisés AdWords, Google a dégagé des moyens financiers qui lui permettent de transformer cette vision du "10 fois plus" en projets concrets. C'est ainsi que sont nés des services tels queGmail, son service mail proposant directement 100 fois plus de stockage que ses concurrents, le système de traduction des pages Web de n'importe quelle langue vers n'importe quelle autre, l'accès instantané à une bibliothèque mondiale virtuelle rassemblant et indexant tous les livres jamais publiés, la cartographie du monde avec Google Earth, Street View qui permet de visualiser les rues de n'importe quelle ville, ou encore Google Fiber, un système de connexion à Internet à très haut débit via la fibre optique, comme celui mis en place à Kansas City ou Austin, avec des vitesses annoncées 100 fois supérieures aux standards de l'industrie.
Google X
Chez Google, on appelle cela la mentalité "Moon shot". Et pour "atteindre la lune", Google s'est doté en 2010 d'un centre de recherche "extrême": Google X. Son objectif? Tout simplement identifier et mettre en oeuvre des projets de "science-fiction" souvent considérés comme utopiques. Au quotidien, Google X est dirigé par le scientifique et entrepreneur Astro Teller, ... Captain of Moonshots
Exemple de projets issus de Google X: "Project Wing". En cours depuis deux ans, cette initiative vient seulement d'être dévoilée. Il s'agit de drônes aériens conçus initialement pour amener le plus rapidement possible des kits de défibrillation auprès de personnes victimes d'un accident cardiaque, partant du principe que ce serait plus rapide qu'une ambulance. Désormais, Google envisage également de les utiliser pour assurer la livraison de biens, un peu dans la même logique que le projet présenté par Amazon. Enfin, Google propose d'utiliser ces drônes dans le cadre d'opérations de secours ou d'aide dans des zones isolées ou dont l'accès est difficile par des moyens traditionnels, par exemple dans le cas d'inondations, de tremblements de terre ou d'autres événements extrêmes.
Parmi les autres projets issus de Google X, figurent la "Google car", la déjà célèbre voiture sans chauffeur, ou encore le projet "Loon" de connexion à Internetvia des ballons stratosphériques.
Immortalité et transhumanisme
Enfin, dernière démonstration de l'absence de limite dans les projets de Google, l'investissement réalisé dans la société de biotechnologie Calico, avec l'objectif déclaré ... d'éradiquer la mort. Evidemment, il s'agit d'un projet de recherche à très long terme, sans réalisation concrète actuellement. "La maladie et le vieillissement affectent toutes les familles. En envisageant ces problèmes sur le long terme et en appliquant notre philosophie "Moon shot" dans le domaine de la santé et des biotechnologies, je pense que nous pourrons améliorer la vie de millions de personnes" a expliqué Larry Page lors de l'annonce de Google à ce sujet.
Mais comment vont-il s'y prendre? En affectant toute la puissance des ordinateurs et de l'infrastructure de Google pour aborder les problèmes de santé et de longévité sous l'angle des Big Data.
Chez Google X, on s'occupe également d'intelligence artificielle et de transhumanisme. Le mouvement transhumanisme prône le recours à la science et aux technologies pour améliorer et développer les capacités, physiques et mentales, des hommes. Partant du principe que les handicaps, les maladies, le vieillissement, la souffrance et, bien sûr, la mort sont des caractéristiques négatives de notre existence, le transhumanisme compte sur la convergence des technologies NBIC (Nanotechnologies, Biologie, Informatique et sciences Cognitives) pour les éradiquer. Pour mener ses projets en la matière, Google a engagé l'un des théoriciens majeurs du transhumanisme et expert en intelligence artificielle, Raymond Kurzweil.
De manière générale, Google s'inscrit ainsi dans une approche nouvelle des sciences, et notamment les sciences du vivant. Cette approche est directement liée au phénomène du Big Data dont Google est, par la nature même de son activité historique de moteur de recherche, l'un des acteurs majeurs. Le volume, la vitesse et la variété des données désormais disponibles permettent des approches nouvelles, voire disruptives, sur des questions telles que le séquençage de l'ADN, la gestion des épidémies, les changements climatiques, la mobilité, ...
Google 2.0. Villes et aéroports
Mais il semble que les fondateurs de Google voient encore plus grand, puisque que l'entreprise envisagerait également de construire des villes et des aéroports. Larry Page aurait ainsi mis en place "une entreprise dans l'entreprise", une forme de Google 2.0 dont l'objectif est d'envisager le futur de Google à long terme et de chercher de nouveaux modèles de business, partant du principe que les revenus issus de la publicité finiront par s'épuiser un jour.
Parmi les sujets de réflexion figure l'idée de construire une nouveau modèle de ville et d'aéroport. Ainsi, selon Larry Page, les problèmes liés au transport aérien ne sont pas à chercher du côté des avions, mais bien des aéroports qui seraient inefficients. C'est d'ailleurs dans cette optique que les dirgeants de Google ont lancé la construction de leur propre terminal privé à l'aéroport de San-José pour assurer la gestion du trafic de leurs 8 jets privés. On évoque également des projets en matière de géolocalisation avec l'objectif d'atteindre une précision au centimètre près, ou encore de sécurité.
Vivrons-nous demain dans une ville "developpée" par Google? La question semble bel et bien posée.