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Publié le 2 février 2024

Du 30 janvier au 1er février 2024, la Belgique a organisé le colloque Didapro à Louvain-la-Neuve. Cette conférence francophone, carrefour d'idées et de recherche, a mis en lumière les avancées et les défis de la didactique de l'informatique, reflétant l'évolution constante des méthodes d'enseignement et d'apprentissage dans ce domaine important.

Dans un monde où l'Informatique et les Sciences et Technologies de l'Information et de la Communication (STIC) se croisent avec de nombreux aspects de notre société, l'importance de leur enseignement ne peut être sous-estimée. Ce constat fut démontré à l'occasion de cette dixième édition de Didapro qui marquait un retour en Belgique depuis la tenue de sa sixième édition en 2016 à Namur.

L'histoire de Didapro remonte à des rencontres bi-annuelles francophones centrées sur la didactique de l’informatique, dont la deuxième édition fut déjà organisée à Namur en 1990.

Ces réunions ont jeté les bases de ce qui est devenu Didapro, un forum essentiel pour les professionnels et chercheurs dans le domaine de l'enseignement de l'informatique.

Historiquement et avec l’avènement des logiciels, l'enseignement de l'informatique en Belgique, comme en France, a longtemps été marginalisé dans le curriculum scolaire. Bien qu'il existe maintenant en France des options d'informatique dans le secondaire supérieur qui n'existent pas encore en Belgique.

Au Centre de formation pour l'informatique dans le secondaire (CEFIS) à Namur, Charles Duchâteau, pionnier dans ce domaine, a marqué les esprits dès 1996 en déplorant le déclin de l'enseignement structuré de l'informatique au profit de l'utilisation superficielle des logiciels.

En 2002 il écrivait encore : "Et même lorsque les technologies sont utilisées, c'est sans s'arrêter à leur maîtrise : elles ne sont pratiquement plus objet d'aucune démarche d'enseignement structuré. La didactique de l'informatique dont nos fantasmes ont pu un moment nous faire croire qu'elle pourrait devenir didactique des usages efficaces et raisonnés des TIC est dans un profond coma : à quoi bon une didactique de quelque chose qui n'est plus enseigné?".

Brigitte Denis, ancienne Directrice du CRIFA de l'Université de Liège, a travaillé sur la robotique pédagogique. Elle parlait déjà en 1994 d'"Agir avec la tortue Logo : agir avec l'ordinateur à l'école maternelle". Et récemment elle participait encore au projet Erasmus+ PIAF (Pensée Informatique et Algorithmique pour le Fondamental) alors que l'informatique fait son grand retour dans les écoles.

Aujourd’hui, de nombreux départements sont actifs dans l'étude de l'utilisation du numérique au sens large à l'école. On parle d'éducation par et au numérique. Par exemple Bruno De Lièvre à l'Université de Mons et son équipe du service Ingénierie Pédagogique et du Numérique éducatif travaille sur toute une série de thématiques, notamment en lien avec les réformes des référentiels et l'arrivée du numérique au programme. Citons par exemple les travaux de Sarah Descamps sur la sobriété numérique.

Parallèlement, à l'Université de Namur, il y a l'équipe interdisciplinaire autour de la chaire Educ0Num et les travaux de Anne-Sophie Collard autour du numérique dans l'éducation et en collaboration avec le Pacte. On retrouve dans cette équipe aussi Julie Henry qui a fini récemment sa thèse en didactique de l'informatique à l’UNamur sur les représentations erronées dans l'enseignement de concepts d'informatiques tels que les variables. Elle a aussi suivi de près l'intégration de l'informatique dans l'enseignement ainsi que la formation des enseignants à cette discipline et au numérique de façon plus large.

À l'UCLouvain, d'un point de vue historique, on peut mentionner les travaux d'Elie Milgrom qui s'est intéressé au tutorat dans les réformes de programmes ingénieur civil et notamment dans le cours d'informatique. Aujourd'hui, Olivier Goletti travaille encore avec Kim Mens sur les stratégies explicites d'enseignement de la programmation par les tuteurs et assistants dans le premier cours de programmation à l’université.

L'informatique fait désormais son retour dans les programmes scolaires et qu'il va falloir redécouvrir et mettre à jour ce qui se savait et devra à nouveau être connu par les futur·es enseignant·es de cette discipline.

Le groupe de travail SI2, financé par la Région Wallonne, a rassemblé des membres des universités, hautes écoles pédagogiques et hautes écoles en informatique. Ensemble, ce groupe a proposé un référentiel pour l’enseignement secondaire inférieur et a envoyé ces résultats aux membres du Pacte pour que des éléments d’informatique soient intégrés dans le référentiel FMTTN. Des chercheurs et chercheuses comme Maxime Duquesnoy, Christophe Laduron, Julie Henry, Olivier Goletti et d'autres belges francophones ont publié sur Didapro.

Des chercheurs de l'UCLouvain et de l'ULB ont participé récemment à un projet Erasmus+ avec d'autre partenaires sur les communautés d'apprentissage d'enseignants autour de l'enseignement de l'informatique et ont participé à des efforts de formations des enseignants en France et en Belgique.

En dépit des progrès, l'enseignement de l'informatique en Belgique fait face à des défis, notamment l'intégration rapide des technologies émergentes dans les programmes scolaires et la formation continue des enseignants. L'avenir semble prometteur, avec une attention croissante portée sur des approches pédagogiques innovantes et l'intégration efficace du numérique dans l'éducation.

Le retour de l'informatique dans les programmes scolaires en Belgique francophone est un signe encourageant de progrès. Didapro et d'autres initiatives similaires jouent un rôle crucial dans ce renouveau, en fournissant une plateforme pour la discussion, l'échange d'idées, et l'avancement de la didactique de l'informatique. Il est essentiel de continuer à développer et à partager ces connaissances pour préparer les futurs enseignants à cette discipline en constante évolution.