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Publié le 16 décembre 2016

Après une première expérience acquise à la conférence Viva Technology qui s’était déroulée en juin 2016, Startups.be s’est rendu une nouvelle fois à Paris dans le cadre d’une mission du 28 au 30 novembre 2016. Cette initiative s'inscrit dans le cadre du programme Digital Wallonia International de la stratégie numérique de la Wallonie.

La mission startups.be et Digital Wallonia


Les startups sont des sociétés qui sont créées afin d’avoir une croissance rapide et qui sont rapidement tournées vers l’international. C’est pour cette raison que Digital Wallonia et Startups.be organisent de nombreuses missions pour les aider dans leur développement.

A la fin du mois de novembre, une délégation de 10 startups (majoritairement wallonnes) se sont rendues pour trois jours à Paris afin de mieux appréhender le marché français et parisien en particulier. La mission s’est déroulée sur trois jours du lundi 28 au mercredi 30 novembre.

Objectifs de la mission

  1. Aider les startups qui veulent ouvrir un bureau (une filiale) dans un nouveau pays à trouver les lieux et les partenaires les mieux à mêmes de les accueillir
  2. Supporter le développement commercial des startups qui veulent être présents sur un nouveau marché.
  3. Permettre à tous de découvrir un environnement entrepreneurial et digital différent de ce que nous avons en Belgique et en Wallonie.

Afin de « remplir » ces trois objectifs, la délégation a visité tant des incubateurs et accélérateurs, que des organismes, que des startups françaises ou belges bien établies dans le paysage parisien. Par ailleurs, les startups ont aussi rencontré des investisseurs et des avocats locaux afin d’avoir un œil différent sur la vision et l’exécution de ces deux métiers dans le milieu parisien.

Lundi 28/11

BNP Paribas Fortis étant un des partenaires de cette mission, il semblait intéressant de découvrir comment une banque peut innover avec des startups et surtout les aider dans leur développement. Le Innov&connect de BNP est un endroit idéal pour cela. BNP ouvre certains de ses programmes aux startups étrangères et facilite donc l’entrée sur le marché parisien via des introductions auprès de grands comptes mais aussi d’ETI (sociétés de plus de 250 personnes), qui sont souvent des acheteurs importants auprès des startups.

Ensuite, la délégation s’est rendue chez Paris&CO qui est un organisme qui aide les startups à trouver les meilleurs partenaires (souvent des incubateurs) dans Paris. Paris a développé un nombre impressionnant d’incubateurs sur, chaque fois, des thématiques différentes. Que cela soit sur la foodtech, le tourisme, le sport, l’e-health et d’autres sujets, Paris propose à chaque fois des emplacements où les startups peuvent se regrouper par secteur mais aussi ont la possibilité de rencontrer des grands groupes car chaque incubateur est soutenu par plusieurs corporates du secteur.

Les startups ont également eu la possibilité de rencontrer deux fonds d’investissements français (Serena Capital et 360 Capital Partners). Ce type d’opportunité permet de mieux les attentes d’un Venture Capital qui investit des montants significatifs.

En fin de journée, grâce à Beyond Lawfirm (cabinet spécialisé dans l’aide aux startups belges), les startups ont pu rencontrer un bureau d’avocat parisien 11.100.34 qui aide les jeunes entreprises depuis 2008. Entendre un retour d’expérience et la vision de professionnels du secteur qui ont vu l’environnement des sociétés innovantes évoluer était riche en retour d’expérience et permet aussi de se rendre compte de l’évolution possible de l’environnement wallon dans les prochaines années.

Mardi 29/11

La première visite fût à la BPI (Banque Publique d’investissement) qui est le fonds d’investissement de l’état français (équivalent à la SRIW en Wallonie). Un intérêt particulier a été porté à leur activité de mise en relation entre les grands groupes et les startups. En effet, la BPI a mis le programme BPI-HUB en place qui permet d’accompagner la connexion entre startups et grands groupes. Ceci est facilité du fait que la BPI est actionnaire ou proche de nombreuses grandes entreprises. La BPI (qui a investi 3,1 milliards d’euro dans des fonds destinés aux startups) propose aussi, avec Business France (l’Awex français), un programme d’accompagnement des startups françaises à l’étranger. BPI-HUB organise chaque mois des rencontres thématiques où les startups étrangères (et donc wallonnes) peuvent participer afin d’échanger avec des prospects potentiels.

Par la suite, la délégation s’est rendue chez 50Partners qui est à la fois un accélérateur (période d’accompagnement s’étalant sur plusieurs années), un fonds d’investissement (2M€ peuvent être investis) et un co-working space/espace de startups où les startups peuvent s’installer. La particularité de 50 Partners est que, comme son nom l’indique, il est supporté par 50 entrepreneurs du web français qui sont disponibles pour soutenir les  +/- 30 startups qui ont rejoint l’accélérateur. Chaque startup est suivie par un mentor tout au long de la période d’accompagnement, qu’elle voit tous les mois, mais aussi peut faire appel aux autres entrepreneurs pour des besoins ponctuels. Ce qui permet d’avoir accès à un large panel de compétence pour la startup.

Afin de continuer le « tour des accélérateurs », les startups se sont ensuite rendues chez The Family qui est reconnu comme l’un des plus innovants dans l’écosystème français. The Family, créé en 2013, a aidé à ce jour 500 startups (dont 250 sont encore en activité) dont 4 qui sont aujourd’hui valorisées à plus de 200M€. La particularité est qu’ils donnent de nombreux contenus gratuitement via leur chaine Youtube mais aussi qu’ils permettent de nombreuses interactions entre les startups. Par ailleurs, les associés de l’accélérateur sont joignables en permanence (principalement via Slack & Skype) pour répondre aux questions/ aider à résoudre les problèmes des jeunes entreprises. Avec une expérience d’accompagnement sur un large panel de startups, ils ont pu identifier des paterns et ont donc pu « documenter » un certains nombres de problèmes que les nouvelles startups arrivantes peuvent consulter. Cette documentation permet « d’industrialiser » ou en tout cas « d’automatiser » l’accompagnement pour des questions que se posent toutes ou, en tout cas, la plupart des startups.

Pour finir la journée, les membres de la délégation ont pu profiter d’un diner commandé sur Menu Next Door, une plateforme belge de mise en relation entre particuliers qui cuisinent pour leurs voisins. Menu Next Door est une des rares startups belges à être accélérée chez The Family et en apprendre plus sur l’expérience de son fondateur Nicolas Van Rymenant. Nicolas a commencé de la manière la plus efficace, à savoir qu’il a d’abord cuisiné chez lui et créé un groupe Facebook afin d’attirer ses amis et leurs proches pour commander les premiers repas. Chaque jour, plus de plats étaient vendus et plus de cuisiniers se proposaient, il a dès lors rapidement compris qu’il « tenait quelque chose » et s’est développé jusqu’à Paris et à Londres. Avoir discuté avec lui pendant plus d’une heure sur son expérience était très enrichissant car il a pu démontrer qu’il est possible de lancer une startup avec peu de moyens.

Mercredi 30/11

Pour commencer la journée, Ecole 42 a accueilli la délégation. Ecole 42 a été lancée il y a 3 ans par Xavier Niel (fondateur de Free) avec pour but de donner à chacun la possibilité de savoir coder. Ecole 42 propose donc un cursus de 3 ans où les élèves sont amenés à travailler sur divers projets. La particularité de cette école est qu’il n’y a aucun professeur. Il y a bien une équipe pédagogique mais les étudiants doivent compter sur l’entraide et sur les documents disponibles afin d’apprendre par eux-mêmes. Une documentation est mise à leur disposition s’ils veulent apprendre certains langages ou certaines facettes de la programmation. Même si l’école est gratuite, la sélection est assez drastique puisque sur 70.000 candidatures par an, seuls 1.000 étudiants sont repris. Aucun diplôme n’est requis pour y entrer, seule la motivation et la soif d’apprendre sont des prérequis. Les salles de programmation sont réparties sur 3 étages avec chaque fois 300-400 ordinateurs pour les étudiants. Certainement une des découvertes les plus « bluffantes » de la mission.

Par la suite, les startups ont pu échanger avec France Digital (l’équivalent de Startups.be en France), qui est un organisme qui regroupe startups et investisseurs, qui parlent d’une seule voix quand ils vont à la rencontre des autorités. Par ailleurs, ils organisent de nombreux événements pour les startups.

Dans le même bâtiment, une présentation de l’accélérateur NUMA (anciennement Le Camping) a été réalisé. L’accélérateur propose un programme d’accompagnement de 3 mois (dans le même style que NEST’up) avec deux entrepreneurs à résidence qui sont à la disposition des startups si celles-ci ont des besoins ou demandes particulières. En plus de l’accélérateur (NUMA est présent au Mexique, à Bangalore, à Casablanca), NUMA accueille, via son centre de co-working, de nombreux événements et entrepreneurs de l’écosystème parisien.

Pour découvrir un autre aspect de l’écosystème français, Sigfox a accueilli les startups dans son bureau parisien afin d’expliquer le parcours de la startup toulousaine et l’ambition de ce réseau européen (et bientôt mondial) de l’internet des objets. Une présentation a été réalisée des différentes manières dont l’internet des objets est utilisé aujourd’hui et surtout ce qu’il pourra être fait dans le futur. Sigfox aide de manière très proactive les startups qui développent des produits dans le domaine et a d’ailleurs noué un partenariat fort avec The Faktory afin d’aider au mieux les startups belges.

Enfin, la mission s’est terminée par un apéritif chez le « startup studio » belgo-français eFounders. eFounders est une société qui développe et créée plusieurs startups chaque année avec comme spécificité de toujours lancer des jeunes entreprises en SAAS (software as a service) et avec pour clients les PME’s. Quentin Nickmans a donc pu expliquer ce qui a poussé eFounders à ouvrir des bureaux à Paris (où réside la majorité des équipes) et la manière de gérer deux bureaux dans les deux pays.

En résumé, la mission a été intense en rencontres, en échanges et en expériences. Pouvoir confronter les startups wallonnes à une environnement plus mature et plus développé a permis de comprendre l’intérêt d’une extension des activités dans la capitale française. Cela offre aussi la possibilité de prendre conscience des besoins de préparations et de structurations nécessaires afin de « faire la différence » dans une telle ville.