60% des métiers qualifiés de demain n’existent pas encore. Mais quels seront-ils? Tel est le thème d’un rapport proposé par le Sénat français et faisant la synthèse de différentes études sur le sujet. Un fil rouge se dégage: le digital. Il sera au coeur de la transformation de nos métiers.
La lutte contre le chômage est au centre des discours politiques et des programmes gouvernementaux. Dans ce contexte, le Sénat français a publié un rapport d'information très intéressant, "Quels emplois pour demain" abordant notamment la question des secteurs d'activités qui pourraient offrir des débouchés professionnels à moyen et long termes. Pour cela, la délégation sénatoriale en charge du rapport a auditionné des experts spécialisés et consulté différentes études sur le sujet.
65% des métiers de demain doivent être inventés
Parmi les sources d'information, on citera le livre "Dico du futur des métiers de demain" dans lequel Anne-Caroline Paucot met en évidence plusieurs domaines d'activités qui devraient constituer des sources d'emplois pour l'avenir. Sans surprise, le digital y tient une place majeure avec notamment les activités relatives:
- aux Data, et plus particulièrement au Big Data et à l'Open Data;
- aux technologies disruptives, c'est-à-dire des progrès techniques entraînant des transformations profondes de nos comportements. On pense par exemple à l'impression 3D, aux nouvelles formes d'industries ou aux drones;
- aux évolutions sociétales, comme le vieillissement de la population, avec notamment le développement des technologies d'assistance et de la robotique;
- aux nouvelles pratiques sociales ou du travail, comme l'économie collaborative ou circulaire, le NWOW, etc.;
- aux nouvelles formes d'urbanisation et à la transformation de la ville, comme les smartcities;
- etc.
Certaines de ces tendances sont déjà largement en marche, comme le domaine des data, avec des métiers tels que: Data Chief Officer, Data Architect, Data Scientist, Data Integration Specialist, Data Visualizer, ou encore Data Analyst. Ces métiers, très récents, sont aussi ... très recherchés, puisque les ruptures technologiques entraînent des pénuries de profils adaptés.
Ce défi est aussi celui de l'école. Ainsi, le rapport du Sénat français souligne que le système scolaire "traditionnel" pousse les élèves à choisir assez rapidement une voie d'enseignement ou une filière professionnelle, voire même un métier spécifique, alors que le département d'État américain du travail affirme que 65 % des écoliers d'aujourd'hui exerceront après leurs études des métiers ... qui doivent encore être inventés. Raison pour laquelle les USA investissent massivement dans l'équipement numérique des écoles: communautés scolaires en ligne, cours supportés par la vidéo, appstores d'applications éducatives, manuels scolaires numérisés.
Cette vision est partagée par le spécialiste des ressources humaines, Manpower, qui rappelle que nombre de métiers en forte demande à l'heure actuelle n'existaient pas il y a à peine dix ans. Dès lors, il semble évident que les parcours professionnels verront se succéder des formations, transitions et réorientations de tous types. L'apprentissage tout au long de la vie sera la norme.
20 métiers du futur
Différentes études font intervenir la créativité pour "deviner" les métiers de demain, qu'ils soient une évolution de métiers existants ou totalement nouveaux. Parmi ces études, on retiendra "20 jobs of the future" proposée par l'agence new-yorkaise Sparks & Honey.
Le postulat de base est le même que celui retenu par Manpower. Jusqu'ici, les carrières professionnelles étaient généralement stables et linéaires. Le chemin choisi à l'école se poursuivait jusqu'à la retraite. Ce modèle n'est plus adapté à un environnement "piloté" par les évolutions technologiques, et singulièrement le digital. Désormais, les carrières seront complexes, fragmentées, spécialisées, collaboratives et en constante mutation. La vie professionnelle ressemblera à une suite de micro-carrières.
Cette étude propose ainsi 20 nouveaux métiers du futur. Certains peuvent apparaître fantaisistes ... toutefois qui aurait pensé il y a 10 ans qu'un site Web développé par un étudiant américain pour servir d'annuaire intelligent dans son Université, serait aujourd'hui une plateforme universelle de marketing digital forte de 1,3 milliard d'utilisateurs, obligeant les entreprises à engager des "community managers" ou des spécialistes en "e-réputation".
Digital death manager, imprimeur 3D ou Quantified self personal trainer
Parmi ces métiers, très largement issus de la transformation digitale, on épinglera par exemple ceux de:
- Digital death manager. Ce "croque-mort digital" sera en charge de gérer et archiver les informations, publications et traces digitales relatives à une personne ... à titre posthume;
- Imprimeur 3D. Les métiers liés au scanning et à l'impression 3D devraient se développer rapidement. L'imprimeur 3D sera là pour réparer un objet abîmé ou en produire un nouveau à la demande;
- Spéculateur en monnaies alternatives. Il sera chargé des arbitrages et investissements alternatifs basés sur les nouvelles monnaies cryptées et décentralisées, au croisement de la finance et de la technologie, comme le Bitcoin par exemple;
- Curateur digital personnel. Il sera en charge de recommander et gérer votre portefeuille personnel d'applications, outils technologiques, logiciels ou sources d'information, en fonction de l'évolution de vos orientations personnelles et professionnelles;
- Crowdfunding specialist. A l'instar du banquier spécialiste en financement "classique" d'entreprises, cet expert maîtrisera la conception, la mise en oeuvre et la promotion d'un dossier de financement "par la foule" sur les plateformes de crowdfunding;
- Quantified self personal trainer. Il sera votre coach "santé" personnel qui, non seulement recommandera le régime idéal, mais surtout prendra en charge l'analyse des données personnelles issues du "Quantified Self" (objets et vêtements connectés, smartphones, ...) pour modéliser un modèle de vie optimal;
- Hackschooling counselor. Ce conseiller encouragera les élèves à hacker ("pirater" dans le sens positif du terme) ou à détourner le monde réel, plutôt que de suivre simplement les parcours éducatifs traditionnels;
- Conseiller en productivité. Dans une logique de productivité et de concurrence, et dans un environnement où les technologies permettent un suivi toujours plus fin, les gens feront appel à des conseillers spécialisés pour redéfinir leur carrière, améliorer leur efficacité, ... tout en garantissant leur bien-être.
Cultural skill sherpa, Drone driver, Skype staging, ou encore Privacy consultant sont d'autres métiers mis en évidence par l'étude de Sparks & Honey.