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Publié le 28 février 2018

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Le Baromètre Digital Wallonia 2018 "Education & Numérique" a mesuré les niveaux et les types d’usages numériques mise en oeuvre dans les écoles et par les enseignants. Il fournit également des indicateurs quant aux personnes ressources chargées d’appuyer et accompagner le déploiement des outils numériques dans les écoles.

Usages des outils numériques en classe


Selon les déclarations des chefs d'établissement, 40% des enseignants utilisent des outils numériques en classe.

Baromètre Education Numérique 2018. Utilisation des outils numériques par les enseignants

Ce taux est globalement confirmé par les enseignants eux-mêmes puisque 35% de ceux-ci utilisent chaque semaine au moins une application numérique en classe. Il s'agit le plus souvent de ressources en ligne telles que des vidéos YouTube ou des références Wikipédia, ainsi que des applications de présentation ou de traitement de texte. Les applications spécialisées pour l'éducation, les ENT et LMS, les logiciels de Mind Mapping et les outils facilitant la collaboration et la communication entre élèves ne sont, par contre, utilisés que par un nombre restreint d'enseignants.

De plus, l'ensemble des usages en classe restent majoritairement occasionnels alors qu'en dehors de celle-ci, 65% des enseignants déclarent utiliser quotidiennement l'ordinateur pour préparer leurs leçons. Ainsi, bien que les usages du numérique enregistrent, au moins pour la Wallonie, une réelle croissance vis-à-vis de 2013, la césure entre les usages en dehors de la classe et les usages en classe se maintient.

Baromètre Education Numérique 2018. Usages numériques à des fins pédagogiques

Il est aussi paradoxal de constater que seulement 9% des enseignants indiquent utiliser des logiciels spécifiquement dédiés à l'éducation. L'analyse des résultats fait apparaître pas moins de 116 outils distincts. Il semble donc que de nombreuses ressources éducatives sont déjà disponibles, mais que celles-ci restent largement méconnues par la plupart des enseignants et gagneraient à être diffusées.

Concernant l'éducation au numérique, 54% des établissements déclarent intégrer dans les dispositifs pédagogiques la compréhension et l'exploitation de l'information, et ce de façon majoritairement transversale. Les principes de protection de la vie privée sont également enseignés dans 45% des établissements ainsi que la maîtrise des applications bureautiques dans 42% des cas.

Baromètre Education Numérique 2018. Utilisation des outils numériques par les enseignants

Les compétences axées sur la créativité telles que la production de contenu Web ou la création de programmes informatiques ne se rencontrent respectivement que dans 23% et 10% des établissements et ne touchent pas nécessairement tous les élèves. Il faut aussi constater que 39% des établissements déclarent n'intégrer dans leur enseignement aucune des cinq compétences précitées, même si, ici aussi, la situation est très différente dans le secondaire (5% seulement) vis-à-vis du fondamental où 50% des élèves sortent du primaire sans avoir reçu de formation au numérique.

Cette situation ne peut cependant guère surprendre car, pour ce qui concerne la FWB, les référentiels, actuellement en révision dans le cadre du Pacte pour un Enseignement d'Excellence, ne prévoyaient jusqu'ici pratiquement aucune compétence numérique. En Communauté germanophone, où les compétences numériques sont d'ores et déjà intégrées aux référentiels, les taux précités sont 1,5 à 2 fois plus élevés.

Dans le cadre du Pacte, les établissements seront invités, dès la rentrée 2018, pour un tiers d’entre eux, puis en 2019 et 2020 pour les autres, à définir un plan de pilotage incluant une stratégie numérique. La place du numérique dans les orientations pédagogiques des établissements peut revêtir deux formes tout à fait complémentaires, à savoir l’utilisation du numérique dans les méthodes pédagogiques d’une part, et l’éducation aux compétences et aux concepts spécifiques du numérique d’autre part.

Pour ce qui est de l’usage du numérique au bénéfice des apprentissages en général, souvent appelés TICE par le passé et "numérique éducatif" aujourd’hui, il est présent dans les projets d’établissements de 34% des établissements du fondamental et de 53% des établissements secondaires. Pour la Wallonie, c’est une progression globale de 36% à 40% entre 2013 et 2017 sur l’ensemble des établissements. En ce qui concerne le second aspect de l’intégration du numérique dans le projet d’établissement, il a été observé à la mi-2017, que 24 % des établissements de Wallonie et 11% de ceux de la capitale avaient inscrit explicitement l’éducation aux compétences numériques dans le projet d’établissement.

En Communauté germanophone, par contre, l’éducation aux compétences numériques est déjà adoptée par deux tiers des écoles. Ici aussi, cette prise en compte du numérique est globalement deux fois plus avancée dans le secondaire que dans le fondamental. En France, 70% des écoles primaires et 90% des collèges et lycées (secondaires) avaient, en 2016, un volet numérique dans leur projet d’établissement.

Personnes ressources pour le numérique


Un indice de l’implication de l’établissement en matière de numérique éducatif réside dans la mise à disposition des enseignants de personnes-ressources tant au niveau de l’assistance technique que pédagogique.

Baromètre 2018 Education Numérique. Personnes-Ressources

Il apparaît ici que les premières sont effectivement présentes dans 49% des établissements (22% dans le primaire et 69% dans le secondaire), mais que seulement 34% de ceux-ci affectent une ou plusieurs périodes pour ces personnes-ressources, le plus souvent des enseignants eux-mêmes, via un certain nombre d’heures de capital période.

Dans 15% des établissements, il s’agit donc de prestations bénévoles, et dans 51% il n’y a tout simplement aucune assistance technique prévue.

Si l’on compare, pour ce qui concerne la Wallonie, le nombre d’équivalents temps plein financés pour ce rôle de personne-ressource technique, nous observons une légère augmentation entre 2009 et 2013 puis une diminution entre 2013 et 2017 pour revenir à un taux inférieur à 2009. Pour ce qui concerne les personnes-ressources techno-pédagogiques, elles sont présentes dans 26% des établissements wallons et 20% des écoles bruxelloises.

Un autre aspect de l’intégration du numérique dans la stratégie de l’établissement réside dans la politique de formation continuée des enseignants. L’enquête montre que ces formations sont organisées à 50% au sein des écoles et à 50% recommandées aux enseignants en formation externe. Ce sont les formations “techniques” à l’usage des équipements et des logiciels qui restent le plus souvent proposées, suivies par les formations aux usages pédagogiques.

Les approches plus réflexives sur la scénarisation des apprentissages, l’évaluation ou encore les avantages et limites de l’intégration du numérique restent quant à elles encore assez peu organisées.

Il est bien difficile de quantifier les volumes de formations proposées aux enseignants, mais il est interpellant de constater qu’au niveau de l’enseignement fondamental, 32% des écoles reconnaissent n’avoir organisé ou recommandé aucune formation au numérique au cours des trois dernières années, taux qui fort heureusement tombe à 3% au niveau de l’enseignement secondaire.

Les directions sont du reste bien conscientes de leur rôle d’exemple pour l’intégration du numérique puisqu’elles pointent, comme facteur de changement le plus important, leur propre engagement dans ce sens, tant au niveau de la gestion de l’établissement, que du soutien aux équipes éducatives qu’elles se promettent de consulter pour définir avec elles la stratégie numérique de l’établissement.

Enfin, le nombre d’écoles disposant d’un site web public progresse, en Wallonie, de 59% en 2013 à 65% en 2017 et atteint 69% à Bruxelles. Essentiellement orientés sur la communication d’informations de la direction vers les parents d’élèves, ces sites sont peu utilisés pour la publication de contenus d’ordre pédagogique.

Ces derniers sont plutôt véhiculés via les plateformes spécialisées que sont les Environnement numériques de Travail (ENT) ou Learning Management Systems (LMS). Aucune plateforme ne s’impose toutefois clairement chez les 32% d’écoles qui en revendiquent l’usage dont principalement des écoles secondaires et de promotion sociale.