Digitalisation des élevages. Résultats de l'étude menée par l'Idele

Les nouvelles technologies envahissent peu à peu les champs et les étables, facilitant la vie des éleveurs et optimisant la gestion des exploitations agricoles. Une étude récente, menée en France et présentée lors de l'événement SPACE 2024, a exploré de près l’équipement numérique des éleveurs de ruminants (bovins, ovins, caprins). Cette enquête révèle des tendances marquées dans l’adoption des outils numériques ainsi que les attentes des éleveurs et les freins qui demeurent.

L'Institut de l'Elevage (Idele), un institut de recherche appliquée et de développement dont la mission est d’améliorer la compétitivité des élevages herbivores et de leurs filières dans un contexte en perpétuelle mutation, a réalisé au printemps 2023 avec le programme Sm@rtElevage une enquête en ligne pour mettre à jour les références sur le taux d'équipement des éleveurs français en outils numériques.

Plus de 2000 éleveurs ont répondu pour l'ensemble des filières.

L'étude menée présente des résultats qui éclairent sur les pratiques d’élevage de demain.

Première constatation : les éleveurs français sont de plus en plus équipés en outils numériques, avec des niveaux d’adoption impressionnants selon les filières :

• Éleveurs de bovins laitiers. 92 % utilisent au moins un outil connecté dans leur ferme, avec une moyenne de 6,6 outils.
• Éleveurs de bovins viande. 84 % sont équipés, bien que moins intensivement (2,3 outils en moyenne).
• Éleveurs d’ovins lait. 94 % de taux d’équipement, avec une moyenne de 4 outils par exploitation.
• Éleveurs caprins. 85 % sont équipés, avec 3,1 outils en moyenne.

Ces outils sont principalement des capteurs embarqués, des systèmes de robotique pour automatiser certaines tâches, des dispositifs de monitoring pour surveiller la traite, et des solutions pour gérer le pâturage et les fourrages. Ils visent à simplifier la gestion quotidienne et à optimiser le suivi des troupeaux, apportant des gains en efficacité et en flexibilité.

La digitalisation de l’élevage apporte plusieurs avantages, largement reconnus par les éleveurs interrogés :

• Un gain de temps et une réduction de la charge physique. La robotique permet, par exemple, de réduire les tâches répétitives et de libérer du temps pour d'autres activités. Certains éleveurs évoquent même une souplesse inédite dans la gestion de leurs journées.
• Amélioration de la surveillance du troupeau. Grâce aux capteurs et autres dispositifs de monitoring, les éleveurs peuvent suivre l’état de santé de leurs animaux en temps réel. Ces outils aident à détecter les signes de maladie plus tôt et à réagir de manière proactive.

Cependant, malgré ces atouts, plusieurs freins à l’adoption subsistent :

• Le coût des équipements demeure un obstacle majeur, et beaucoup d’éleveurs estiment que le rapport coût/bénéfice n’est pas toujours avantageux.
• La compatibilité des systèmes pose également problème, "il faudrait que les outils puissent communiquer entre eux pour éviter de devoir entrer les données plusieurs fois", explique l’un des éleveurs interrogés.
• Enfin, la connectivité internet reste une difficulté dans les zones rurales, limitant l’efficacité de certains outils qui requièrent un accès réseau stable.

L’étude révèle une ouverture relative au partage des données numériques collectées dans les exploitations. Les éleveurs se montrent favorables au partage avec des vétérinaires (80,6 % d’entre eux) et des conseillers agricoles (74,3 %), car ces échanges peuvent améliorer le suivi de la santé animale et les recommandations techniques.

En revanche, ils sont plus réticents à partager leurs données avec des entités économiques privées, par crainte de voir leurs informations exploitées à des fins commerciales.

Cette tendance montre l'importance de la transparence et de la sécurité dans la gestion des données, une préoccupation grandissante chez les agriculteurs connectés.

L’enquête met en lumière un avenir prometteur pour l’élevage numérique en France, tout en soulignant les défis à surmonter pour faciliter l’adoption des technologies. Avec des investissements dans l’infrastructure de réseau, des formations et un accompagnement financier, le secteur pourrait accélérer cette transition numérique, aidant les éleveurs à tirer pleinement parti des outils numériques.

Cette étude illustre les évolutions du monde agricole, où la digitalisation est perçue comme un levier pour optimiser la production tout en améliorant le quotidien des éleveurs.

Plus qu'une simple tendance, le numérique s'impose peu à peu comme un acteur clé de l’élevage moderne.

L'Agence du Numérique, consciente de cet enjeu vise au travers du programme Agriculture du Futur de Digital Wallonia à accélérer l'adoption et le déploiement du numérique au sein du secteur agricole wallon.