Les agriculteurs peuvent aujourd’hui profiter de nombreux flux de données et d’outils performants pour optimiser leurs activités en connectant leur station météo à un réseau. Sébastien Weykmans, de WalDigiFarm, projet soutenu par Digital Wallonia, fait le point sur le sujet.
Données météo et agriculture
L’agriculture est une activité professionnelle fortement tributaire de la météo, celle-ci pouvant « faire et défaire » les résultats économiques d’une saison au gré de ses aléas.
De tous temps (sans jeu de mots ...), les producteurs agricoles sont de grands consommateurs de données météo passées et prévisionnelles. Ce besoin se traduit, par exemple, dans l’ordre de téléchargement des applications professionnelles sur leur smartphone où les applications de consultation météo prennent la première place loin devant les applications bancaires.
Pour illustrer l’importance de quelques-unes de ces données, on peut citer :
- le cumul de pluviométrie qui conditionne fortement l’accessibilité des terres et leur aptitude au semis,
- les risques de gelée tardives (les fameux « Saints de Glace ») potentiellement catastrophiques en fruiticulture et viticulture,
- les températures extrêmes qui impactent la conformation des pommes de terre, la durée de leur conservation après récolte et donc les processus de transformation en industries agro-alimentaires,
- l’hygrométrie qui est fortement corrélée au développement des maladies de nombreuses cultures,
- la vitesse du vent qui conditionne toute pulvérisation, tant d’un point de vue technique que réglementaire.
Données météo captées par l’IoT
Si le terme "révolution » est souvent galvaudé, l’arrivée des objets connectés dans les fermes depuis 2005 constitue assurément une vraie évolution qui s’est accélérée fortement les dernières années avec les réseaux bas débit.
De par leur nature, les données météo se marient, en effet, très bien à ce type de technologies : des données de faible poids (inférieur à 10 ko), se satisfaisant d’un envoi toutes les 15 minutes, au départ de sites (champs) ne permettant pas une alimentation électrique externe mais offrant en revanche l’absence d’obstacles pour l’émission de données.
Données météo et outils d’aide à la décision (OAD)
Réservées il y quelques années encore à une frange d’utilisateurs que certains pouvaient qualifier "d’Ageekulteurs", les stations météo connectées sur le territoire wallon atteignent aujourd’hui les 500 unités. Il est probable que ce nombre sera doublé en deux ou trois saisons pour atteindre 15 à 20 % des producteurs spécialisés en grandes cultures.
La démocratisation de leur prix (les modèles d’entrée de gamme sont accessibles dès 400 euros) en est probablement une raison, le développement d'Outils d’Aide à la Décision (OAD) s’alimentant de leur données en est une autre.
Comme exemple d’OAD made in Wallonie, on peut certainement citer l’application VIGIMAP du CARAH à Ath qui permet de piloter la lutte contre le mildiou de la pomme de terre. Elle est utilisée chaque année par quelques centaines de "patatiers" de notre région, mais également par beaucoup de leurs confrères en Chine, pays avec lequel le centre de recherche hennuyer entretient des relations étroites.
Les outils de prévision de maladies, d'insectes et de gelées proposés par la plateforme NewFarm AgriConsult à Eghezée sont également utilisés par de nombreux agriculteurs en Europe pour les aider dans la gestion de leurs grandes cultures, de leurs cultures fruitières, viticoles et maraîchères.
Données météo en réseau

Un exemple de réseau de stations connectées auquel participe WalDigiFarm.
La première motivation des agriculteurs est la possibilité, inexistante jusqu’ici, de créer aisément des communautés d’utilisateurs de données météos avec d’autres producteurs qu’ils ne connaissent parfois pas.
L’exemple typique est celui des agriculteurs hesbignons accédant aux relevés météo de leurs collègues tournaisiens pour organiser leur journée (les averses traversant généralement le pays d’Ouest en Est en moins de deux heures), ou encore celui du ballet des moissonneuses de part et d’autre du Sillon Sambre-et-Meuse organisé en fonction de la localisation des orages en période estivale.
L’IoT permet de franchir également beaucoup plus facilement les frontières, avec des initiatives originales comme le projet d’échange des données pluviométriques entre les cinq pays producteurs de pommes de terre en Europe porté par la Filière wallonne de la pomme de terre (Fiwap) à Gembloux.
La production de grands sets de données météo issues de ces stations IoT laisse également entrevoir de nouvelles possibilités de collaboration entre partenaires publics et privés.
Les stations météo et la plateforme AGROMET du Centre wallon de Recherches Agronomiques (CRA-W) de Gembloux combinées à la densité du réseau de stations connectées de l'association de développement de l'usage du numérique dans les productions végétales WalDigiFarm pourraient par exemple permettre le développement de nouveaux services innovants au bénéfice de tous les acteurs wallons.
(re-)Voir les webinaires proposés par WalDigiFarm sur ce sujet
Réseaux, capteurs et précision des mesures (10/02/2021)
- par Damien ROSSILON (CRA-W, Chef de Projet Réseau PAMESEB / AGROMET)
Stations météos connectées - IoT (24/02/2021)
- METEUS, par Hervé GUILLAUME (Isagri)
- PESSL, par Eric STOCKLIN (NewFarm Agriconsult)
- SENCROP, par Arthur MADOUX & Thomas LEMAIRE (Sencrop)
Outils d’Aide à la Décision (OAD) en céréales (03/03/2021)
- AGRIMETEO.EU par Eric STOCKLIN (NewFarm Agriconsult)
- XARVIO FIELD MANAGER par Jérôme CLAIR (Xarvio Digital Farming)
Outils d’Aide à la Décision (OAD) en pommes de terre (10/03/2021)
- MILEOS par Florence BINET (Arvalis Institut du Végétal)
- VIGIMAP par Benjamin COUVREUR (CARAH)
- VIGIPATATE par Eric STOCKLIN (NewFarm Agriconsult)